L’aide de l’Alliance biblique répond à une crise sans précédent au Mali

MALI

« Que Dieu bénisse ces Blancs qui nous viennent en aide aujourd’hui. C’est une fierté pour toutes les Eglises du Mali. » Emmanuel Coulibaly est un des anciens de l’Eglise de Yirimadio, une banlieue de Bamako, capitale du Mali. Aujourd’hui, il reçoit pour son Eglise des sacs de riz dans le cadre du projet « Aide humanitaire pour les Eglises » soutenu par l’Alliance biblique française.

Du riz et des bibles

Ce projet holistique de l’Alliance biblique au Mali (ABM) a deux volets. Des sacs de riz et d’autres céréales sont livrés aux Eglises du Sud fragilisées par la famine et l’arrivée massive des chrétiens du Nord fuyant l’invasion des djihadistes et la guerre. Parallèlement, des bibles sont offertes aux chrétiens du Nord réfugiés dans le Sud qui ont tout perdu, y compris leurs bibles.

Jacques Dembélé, secrétaire exécutif de l’ABM, a pu constater de ses propres yeux que l’aide alimentaire et les bibles sont accueillies avec la même gratitude.

« La lecture et l’écoute de la Parole de Dieu sont essentielles pour nous chrétiens du Nord afin de lutter contre l’avancée de l’extrémisme islamique », déclare Jokebed Touré, une jeune femme réfugiée dans un des camps de Bamako qui espère retourner bientôt dans le Nord et à laquelle Jacques Dembélé a remis une bible en français courant.

Les réfugiés continuent d’affluer

« Les mots me manquent pour vous dire notre reconnaissance, confie le pasteur André Théra, président du comité de crise à Bamako. Cette aide arrive à point nommé. Alors même que les dons se font plus rares, les réfugiés continuent d’affluer : chaque semaine, une ou deux familles supplémentaires nous rejoignent ! »

Il y a actuellement quelque 500 réfugiés chrétiens du Nord dans les camps de la seule ville de Bamako, sans compter ceux qui sont hébergés dans de la famille. Pour les chrétiens du Sud, prendre en charge les réfugiés du Nord tout en trouvant de quoi nourrir leurs propres familles dans un contexte de famine est un lourd fardeau. Tant la capitale que les villages ont donc besoin de distributions alimentaires.

Chrétiens et musulmans

Dans le village de Dafara, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Bamako, Jacques Dembélé rencontre Djénéba Doumbia, 14 ans, qui est musulmane.

« Les chrétiens partagent le peu qu’ils ont avec nous, lui dit-elle. Quand je pile le mil ou le maïs qu’ils nous donnent, c’est un bonheur : mes parents et moi auront ainsi de quoi manger. »

Une crise sans précédent

L’aide alimentaire dont bénéficient l’Eglise de Dafara et bien d’autres permet ainsi à des villages entiers de survivre. Il était temps qu’elle arrive.

« La crise que nous connaissons est sans précédent, explique en effet le pasteur Enock Coulibaly de Koutiala, un village situé à 400 km environ à l’est de Bamako. Par le passé, nous avons vécu des périodes de famine, mais le pays n’était pas divisé, et les chrétiens n’étaient pas autant éprouvés. Notre Eglise dans la région compte 73 lieux de culte, et 80 % des chrétiens souffrent de la faim. Cette petite fille dans mes bras est venue loger chez moi avec ses parents parce que les combats font rage là où ils vivent. »

« Loin de nous »

Le pasteur Coulibaly ajoute qu’il est très touché que l’équipe de l’ABM soit venue jusque dans son village apporter des sacs de riz et des bibles :

« Cela nous rappelle que des chrétiens, loin de nous pourtant, partagent notre peine. Et votre rôle est essentiel, car vous savez bien que le spirituel est inséparable du physique : si l’Alliance biblique n’existait pas, il faudrait la créer ! »

« Nous ne cessons de remercier la France, écrit Jacques Dembélé (mars 2013). Nous avons commencé à faire le stockage des céréales face à la flambée des prix, consécutive à la guerre et la fermeture de certains corridors d’approvisionnement. Nous avons aussi aidé certains enfants en situation extrême de malnutrition, en milieu rural. Nous avons commencé à offrir des bibles aux chrétiens du Nord, et attendons un nouvel arrivage dans quelques semaines pour répondre à la demande. Nous espérons que ce projet sera une grande bénédiction pour des milliers de chrétiens au Mali. Merci de votre soutien. Comme nous disons chez nous en bambara, “Merci pour demain”. »