Le pasteur Marc Boegner (1881-1970)

Marc Boegner est une grande figure du protestantisme français au 20ème siècle. Ami de Charles Péguy qu’il côtoie à Orléans, il étudie le droit avant de répondre à sa vocation pastorale. Docteur en théologie et pasteur à Paris, il joue un rôle décisif pour fédérer les différents courants du protestantisme. En 1938, il est le premier président de l’Eglise réformée de France unifiée. Il sera aussi président de la Fédération protestante de France de 1929 à 1961.

 

 

Sous l’occupation, alors qu’il est membre du Conseil national de Vichy, il dénonce les mesures contre les Juifs. De concert avec l’archevêque de Lyon et le grand rabbin de France, il multiplie déclarations et interventions. Ses lettres adressées au Maréchal Pétain ou au grand rabbin sont lues publiquement dans les églises. En 1962, Marc Boegner est élu à l’Académie française.

Pionnier de l’œcuménisme, le pasteur Boegner milite pour le rapprochement entre les Eglises. Il participe aux assemblées préparatoires du Conseil œcuménique des Eglises et siège à ses assemblées à partir de 1948. Il est aussi observateur aux sessions du Concile Vatican II. Artisan de la réunification des trois sociétés bibliques, il participe à la création de l’Alliance biblique française en 1947 et la préside durant 22 ans, jusqu’en 1969. Il prépare alors les esprits à une collaboration durable avec l’Eglise catholique pour la traduction et la diffusion de la Bible. Quelques années après, le comité de l’ABF accueillera, pour la première fois depuis 1818, des membres catholiques.

 

Le pasteur Boegner est convaincu de l’importance de la Bible pour le témoignage commun des Eglises « dans un monde où des masses humaines énormes n’entendent plus un seul mot religieux, dans un monde où le langage de la Bible, le langage chrétien paraît totalement incompréhensible pour des hommes dont les parents, les arrière-grands-parents, ont totalement rompu avec quelque forme de convictions chrétiennes que ce soit » […] « Là où on met la Bible, il y a une cartouche de dynamite qui, un jour, fera sauter ce qui doit sauter, aussi bien dans l’homme personnel que dans l’institution ecclésiastique. » (Conférence européenne de l’Alliance biblique universelle à Nancy, 1951)