Traduction

La Bible en traductions (2)

Spécial dossier Info-Bible

Traductions en chantiers
 
La traduction de la Bible est une entreprise perfectible, en constante évolution. Les langues se transforment. La recherche biblique avance. Les lecteurs sont multiples. L’emploi d’un type de traduction n’exclut pas l’utilisation des autres. La diversité des traductions permet une complémentarité vivante.
 

Venez aux eaux... Esaïe 55.1  
 
Venez zozos, venez au zoo ?… On voit comment l’évolution de la langue a modelé des expressions différentes pour un même sens, tout en évitant la sonorité inadéquate de la traduction en exergue. Une traduction doit pouvoir être lue à haute voix et donnée à comprendre sans que l’auditeur hésite.
 
Version Segond 1910 : Vous tous qui avez soif, venez aux eaux...
Version synodale 1910 : Ô vous tous qui êtes altérés, venez à la source des eaux...
TOB 1975/2010 : Ô vous tous qui êtes assoiffés, venez vers les eaux...
NBS 2002 : Holà, vous tous qui avez soif, venez vers l’eau...
PDV 2000 : Vous tous qui avez soif, voici de l’eau, venez !
 

Impossibles jeux de mots... Jean 3.3                                       
 
L’évangile de Jean rapporte une discussion de Jésus avec Nicodème, un chef religieux. La conversion y est présentée comme le fait de « naître de nouveau ». Mais le terme grec employé anôthen signifie à la fois « de nouveau » et « d’en haut » : Amen, amen, je te le dis, si quelqu’un ne naît pas de nouveau il ne peut voir le règne de Dieu. (NBS) Le jeu de mots, basé sur la polysémie, est difficile à traduire en français où il n’existe pas de mot ayant le même double sens. Il est signalé par une note.
 

Les mots ne sont pas interchangeables... Romains 12.1    
 
Les diverses significations d’un mot dans une langue recoupent rarement exactement celles d’un seul mot « correspondant » dans une autre langue.
Par exemple, le verbe grec parakaleô est largement employé dans le Nouveau Testament avec des sens divers selon le contexte qui ne peuvent pas être traduits en français par un verbe unique. On trouvera ainsi dans les traductions les verbes « consoler », « exhorter », « encourager », « inviter » ou « supplier »… pour rendre la pluralité de sens d’un seul verbe grec. L’inverse est vrai aussi : plusieurs mots grecs ou hébreux, là où le français n’en a qu’un. Par exemple, une dizaine de mots nuancent en hébreu la notion traduite dans la TOB par « péché » ou « pécher », et un aussi grand nombre de mots hébreux expriment la notion traduite par « rachat » ou « racheter ».
 

Coloquinte, courge ou ricin ? Le qiyqayônde de Jonas 
                                        
Comment traduire un mot qui n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible ? La plante (ou arbre) sous laquelle Dieu a abrité Jonas (4.6) a été traduite diversement, car personne ne sait exactement ce qu’elle est !


La moutarde qui monte au nez...

... la colère du Seigneur s'enflamma (Exode 4.14)
L’hébreu biblique utilise volontiers des images et des expressions liées à des parties du corps pour exprimer des sentiments. Par exemple avoir le nez élevé signifie « être plein d’arrogance » (Psaume 10.4) ; pour évoquer la « colère » de Dieu on dira que son nez s’est échauffé (Exode 4.14) ; au contraire les narines longues évoquent la « patience » (Proverbes 25.15). Pour éviter des contresens ou une image incongrue ou ridicule dans un autre système de pensée, le traducteur peut employer des équivalents, proposer une note ou renvoyer à un lexique.
 
Les textes de la Bible sont liés entre eux par des citations ou des allusions avec les reprises de thèmes, de personnages, de récits. La traduction doit donc s’efforcer de conserver les jeux de relation entre les textes. Par exemple un récit qui montre comment Jésus a nourri une grande foule se trouve deux fois dans les évangiles de Matthieu (ch. 14 et 15) et de Marc (ch. 6 et 8), une fois dans ceux de Luc (ch. 9) et de Jean (ch. 6). Ces textes ont des échos avec les récits du dernier repas de Jésus (Matthieu 26, Marc 14, Luc 22, et 1 Corinthiens 11), et avec le récit du repas de Jésus ressuscité avec les disciples d’Emmaüs (Luc 24), ou encore avec un récit concernant le prophète Élisée (2 Rois 4). Il y a des différences entre ces récits, mais aussi des similitudes, que la traduction devra rendre fidèlement par le choix du vocabulaire et la construction des phrases.


Traduire, un service continu
 
Chaque traduction de la Bible est le fruit de nombreux choix concernant le public-cible, la méthode de traduction et le niveau de langue utilisé, les aides au lecteur proposées, les supports possibles.
 
Un chantier de traduction s’étend généralement sur une bonne dizaine d’années. Il mobilise des ressources humaines, institutionnelles, financières, intellectuelles et techniques considérables. L’évolution des langues-cibles, les progrès dans la connaissance des cultures et des langues-sources, et l’évolution des publics motivent pour toutes les traductions l’ouverture de nouveaux chantiers de révision.

© Info-Bible, été 2012, ABF
 

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