Ma revanche contre le VIH – L’histoire d’une veuve

Pendant des années, Hirut Alemayhu a caché sa séropositivité, même à sa fille. Mais aujourd’hui elle est un acteur de poids dans la lutte contre le VIH/sida au sein de sa communauté, et notamment auprès des femmes enceintes.

 

« Ma revanche contre le VIH, c’est que je me bats de toutes mes forces pour empêcher de nouvelles infections, explique-t-elle. Je saisis toutes les occasions pour parler aux gens du VIH/sida, mais je me préoccupe plus particulièrement des femmes enceintes. Je vais les voir et je les pousse à aller se faire dépister. Et si elles ont le VIH, je veille à ce qu’on leur donne le traitement et les conseils dont elles ont besoin, pour éviter qu’elles le transmettent à leur fœtus. Ma liste de personnes à suivre a atteint à un moment 360 femmes et elles ont donné naissance à 359 bébés séronégatifs ! »

 

 

Le travail dévoué de Mme Alemayhu, qu’elle accomplit de façon totalement bénévole, contribue à la stratégie mise en œuvre par l’ONUSIDA sous le nom « Objectif : Zéro », dont le but est de parvenir d’ici 2015 à « zéro nouvelle infection au VIH – zéro discrimination – zéro décès dû au sida ». Grâce aux efforts conjugués des gouvernements, des ONG, des Eglises et d’autres organisations – et aussi notamment de gens comme Mme Alemayhu –, des avancées notables ont été réalisées ces dernières années.

 

L’ONUSIDA a annoncé une chute de 35 % du nombre de nouveaux cas d’enfants infectés depuis 2009, et que 62 % des femmes enceintes prennent désormais des médicaments antirétroviraux. Le rapport met également en évidence d’autres points importants marqués dans la lutte menée contre le VIH/sida.

Comment Mme Alemayhu, qui vivait dans la peur et cachait un terrible secret, est-elle donc devenue une militante passionnée dont l’action contre le VIH/sida apporte un réel changement dans la vie des gens ? Elle explique que son engagement dans Le Bon Samaritain, programme d’inspiration biblique de sensibilisation au VIH/sida, a été un tournant dans sa vie.

 

 

 

 

« Quand mon mari est mort du sida, les gens ont dit que le fait d’attraper le virus était une punition à cause du péché, raconte-t-elle. Donc, quand j’ai découvert que j’étais séropositive, j’ai eu honte et je l’ai caché, allant jusqu’à mentir à ma fille de 8 ans.

 

« Pendant des années j’ai été très affaiblie et j’ai souffert, mais tout a changé pour moi le jour où on m’a invitée à un atelier du Bon Samaritain. J’ai appris que le VIH/sida était une maladie comme n’importe quelle autre, qu’on peut la traiter et que je pouvais bien vivre et porter du fruit. Pour la première fois, j’ai eu le sentiment de pouvoir m’ouvrir et parler de mon histoire. Et j’ai constaté que j’avais le désir d’aider les personnes qui étaient dans la même situation que moi à découvrir ces vérités. »

 

Mme Alemayhu, qui est ensuite devenue formatrice auprès du Programme du Bon Samaritain, compte parmi les centaines de milliers d’habitants d’Afrique sub-saharienne qui ont bénéficié de ce programme. Mis en œuvre depuis 2004 par les Sociétés bibliques en partenariat avec les Eglises et d’autres organisations, ce dernier s’appuie sur des récits bibliques pour s’attaquer aux préjugés qui entourent le VIH/sida, apportant un soutien aux porteurs du virus et appelant leur entourage à faire de même au lieu de les rejeter. Il fournit également à propos du virus des informations sanitaires capitales qui permettent de sauver des vies.

 

 

 

 « Le Programme du Bon Samaritain est actuellement mené dans plus de 20 pays africains, indique Kofi Agamah, responsable du Service VIH de l’ABU chargé de la supervision du programme. Grâce à nos contacts privilégiés avec des centaines d’Eglises, qui sont au cœur de la vie communautaire dans de nombreuses régions d’Afrique, nous sommes en mesure de toucher chaque année des centaines de milliers de personnes dans leur environnement quotidien. Ce programme a reçu l’adhésion des Eglises et, partout, des chrétiens et des membres d’autres religions apprennent à avoir une attitude responsable et à devenir de bons Samaritains auprès de ceux qui les entourent.

 

« Le dernier rapport de l’ONUSIDA est pour nous un grand encouragement car il met en évidence de réels progrès dans la lutte contre le VIH/sida. Mais nous pensons comme eux qu’il reste encore beaucoup à faire avant d’atteindre «  l’Objectif : Zéro ». Nous sommes déterminés à poursuivre notre travail et reconnaissants à tous ceux qui, nombreux, se joignent à nous comme Mme Alemayhu en Ethiopie dans la lutte contre le VIH/sida. »

 

 

A l’occasion de l’édition 2013 de la Journée mondiale de lutte contre le sida
Photos & tous droits réservés © ABU –  26 novembre 2013