« Merci pour demain » : les chrétiens maliens nous disent leur reconnaissance

MALI

Après la sécheresse de l’été 2012, qui avait ruiné les récoltes et rendu les denrées inabordables, les Maliens ont eu à affronter successivement une crise politique, un coup de force islamiste au Nord, et enfin la guerre… Premiers persécutés par les djihadistes armés, les chrétiens du Nord se sont réfugiés dans le plus grand dénuement au Sud, où l’Alliance biblique au Mali (ABM) aide les Eglises par la distribution de céréales et de bibles.

Depuis septembre 2012, l’ABF a mobilisé ses amis pour soutenir les collègues sur place. C’est avec émotion et fierté que nous avons été témoins de l’élan de solidarité de tous – particuliers comme paroisses – pour venir en aide au Mali. Voici quelques échos du terrain.

La Bible et des céréales à partager

« La lecture de la Parole de Dieu est essentielle pour nous chrétiens du Nord », déclare Jokebed Touré (en bas), une jeune femme réfugiée dans un des camps de Bamako à laquelle Jacques Dembélé, Secrétaire exécutif de l’Alliance biblique au Mali, a remis une bible en français courant.

Dans le village de Dafara, au sud de Bamako, Jacques rencontre Djénéba Doumbia, 14 ans (au milieu), qui est musulmane : « Les chrétiens partagent le peu qu’ils ont avec nous », lui dit-elle. En effet, L’aide alimentaire dont bénéficient l’Eglise de Dafara et bien d’autres permet à des villages entiers de survivre.

Une crise sans précédent

« La crise que nous connaissons est sans précédent, explique le pasteur Enock Coulibaly (en haut) de Koutiala, à 400 km de Bamako. Par le passé, nous avons vécu des périodes de famine, mais le pays n’était pas divisé, et les chrétiens n’étaient pas autant éprouvés. Notre Eglise dans la région compte 73 lieux de culte, et 80 % des chrétiens souffrent de la faim. Cette petite fille dans mes bras est venue loger chez moi avec ses parents parce que les combats font rage là où ils vivent. »

Très touché que l’équipe de l’ABM soit venue jusque dans son village apporter des sacs de riz et des bibles, le pasteur Coulibaly ajoute : « Cela nous rappelle que des chrétiens, loin de nous pourtant, partagent notre peine. »

« Nous ne cessons de remercier la France, écrit Jacques Dembélé. Nous avons commencé à faire le stockage des céréales face à la flambée des prix, consécutive à la guerre et la fermeture de certains corridors d’approvisionnement. Nous avons aussi aidé certains enfants en situation extrême de malnutrition, en milieu rural. Nous avons commencé à offrir des bibles aux chrétiens du Nord, et attendons un nouvel arrivage pour répondre à la demande. Nous espérons que ce projet sera une grande bénédiction pour des milliers de chrétiens au Mali. Merci de votre soutien. Comme nous disons chez nous en bambara, “Merci pour demain”. »

(Jacques Dembélé, mars 2013)