20ème siècle : jalons d'une histoire foisonnante

Un trésor commun à partager

L’ouverture œcuménique

La Traduction œcuménique de la Bible (1964–2010)

Le rêve d’une Bible commune à tous les croyants est une idée ancienne. Lancé en 1964-65, le chantier de la Traduction œcuménique de la Bible (TOB) mobilise une centaine de biblistes, avec le soutien de l’Alliance biblique universelle, les éditions du Cerf et les Sociétés bibliques française et suisse. La Bible complète paraît en 1975 (révisée en 1988, 2004 et 2010). Pour la première fois dans l’histoire du christianisme, des biblistes catholiques, protestants et orthodoxes collaboraient pour offrir aux croyants une traduction commune dégagée des partis pris confessionnels. Depuis, la TOB a été diffusée à plusieurs millions d’exemplaires. L’édition de 2010, augmentée de six livres deutérocanoniques reconnus par les Eglises orthodoxes, confirme cette vocation œcuménique. En avril 2011, elle a été officiellement reçue par le patriarche Bartholomée de Constantinople, chef spirituel des orthodoxes, en visite à Paris.

Bible et Francophonie

Dans plusieurs pays francophones, comme Haïti ou la Côte d’Ivoire, la diffusion de bibles en français dépasse les 100 000 exemplaires par an. Après la création de l’Alliance biblique universelle (ABU) en 1946, la mise en place des sociétés bibliques nationales africaines s’est déroulée en plusieurs étapes. Les agences du Cameroun et de Madagascar (soutenues notamment par Londres) sont créées en 1959 et 1960. Un peu plus tard, après les indépendances, naît la « Société biblique de l’Afrique Occidentale francophone » (9 pays). Les cadres africains remplacent peu à peu les européens. La première conférence régionale de l’ABU pour l’Afrique a lieu en 1968, et l’Assemblée mondiale se tient à Addis Abeba en 1972. Jusqu’au début des années 2000, l’Alliance biblique française jouera un rôle essentiel dans la coordination mondiale de la production biblique francophone. Aujourd’hui, la « francophonie biblique » est organisée autour de trois régions autonomes : Amériques, Afrique, Europe.

« La Bible, patrimoine de l’humanité » à l’UNESCO, Paris

L’exposition itinérante « La Bible, patrimoine de l’humanité » créée par l’Alliance biblique française est un outil de culture populaire destiné au grand public. Inaugurée en février 2010 à l’UNESCO en présence de nombreuses personnalités politiques, universitaires et religieuses, elle a reçu le patronage du Ministère français de la Culture. Depuis lors, l’exposition parcourt les villes de France et de la francophonie, offrant à des milliers de visiteurs, croyants ou non, la possibilité de découvrir la Bible et suscitant l’envie de la lire.

« Je suis heureuse que notre Organisation se fasse l’écrin d’un texte millénaire auquel continuent de puiser, à travers le monde, un nombre considérable de chercheurs, de croyants, de lecteurs et d’érudits. (…) Je me félicite que l’exposition autour de laquelle nous sommes réunis soit un acte d’ouverture, de rencontre interconfessionnelle et de rencontre entre croyants et non-croyants. J’ai la conviction que le dialogue entre les cultures et entre les religions du monde est le chemin qui mène à la tolérance. »

(discours de Mme Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, 8 février 2010)

L'ABF : deux siècles au service de la Bible et de ses lecteurs

Le 20e siècle, théâtre des conflits mondiaux et de l’affrontement des idéologies, est aussi le siècle du rapprochement entre les branches divisées du christianisme. Le mouvement œcuménique s’organise à l’échelle mondiale (Conseil œcuménique des Eglises, 1947). Le monde évangélique se fédère au sein du mouvement de Lausanne (1974). Dans l’Eglise catholique, le Concile Vatican II (1962-1965) encourage l’ouverture sur le monde, le dialogue avec les autres chrétiens et la lecture de la Bible pour tous.

En France, les trois sociétés bibliques unissent enfin leurs efforts avec la création de l’Alliance biblique française en 1947. A partir des années 1980, suite à l’impulsion donnée par la TOB, le conseil d’administration de l’ABF accueille des membres non protestants en son sein. Le tournant est pris : désormais, catholiques, protestants, évangéliques et orthodoxes œuvreront ensemble pour la diffusion de la Bible, leur trésor commun.