M.

Maccabées, Hasmonéens

Après la mort d'Alexandre le Grand en 323 av. J.-C., son empire est partagé entre quatre de ses généraux. Deux des dynasties hellénistiques nées de cette répartition se disputeront le pays d’Israël: au sud, les Lagides, installés en Egypte, et au nord les Séleucides, en Syrie (cf. Dn 11 et le tableau ci-contre).

 

L'ancienne province perse de Judée échoit tout d’abord au plus brillant des généraux d’Alexandre, Ptolémée, fils de Lagos, et à ses successeurs lagides. La souveraineté des Ptolémée a été globalement bénéfique pour Juda, au point que durant cette période de nombreuses familles judéennes sont venues s'établir en Egypte; non seulement à Alexandrie, une des plus grandes villes du monde avec ses 300 000 habitants, mais aussi à Péluse (Migdol), à Daphné, à Eléphantine et dans le district du Fayoum. Et l'on se souvient que Ptolémée II Philadelphe est réputé avoir favorisé la traduction de la Bible juive en grec (voir LXX*).

 

Mais, en 200 av. J.-C., la victoire d'Antiochos III Mégas (223-187) à Panion (aujourd’hui Baniyas, près de Dan) place la Judée sous la domination des Séleucides. Son successeur Antiochos IV Epiphane (175-164) pille le temple de Jérusalem. A la faveur d’un conflit entre plusieurs prétendants à la charge de grand prêtre, il entreprend, selon les sources juives, une véritable persécution de la foi mosaïque. On brûle publiquement les rouleaux de la Torah. Il est défendu, sous peine de mort, d'en posséder un exemplaire; la circoncision des nouveau-nés est interdite. Selon 2 Maccabées6.2, une statue de Zeus olympien est installée au temple en 167; elle est sans doute à la ressemblance d'Antiochos lui-même (Dn 9.27n; 11.31n). Les Juifs fidèles (ou « assidéens », de l’hébreu hasidim; voir pharisiens*, Qumrân*) qui se réfugient dans les campagnes pour y exercer librement leur culte sont pourchassés.

 

Sonne alors l'heure de la révolte. Autour du prêtre Mattathias, qui décide de se défendre s'il était attaqué, même un jour du sabbat, un parti de résistance s’organise dès 167 av. J.-C. Mattathias meurt en 166, mais ses fils poursuivent le combat. L'un d'entre eux, Judas Maccabée(l’étymologie est incertaine: la plus populaire propose Judas l'Assommeur, cf. Charles Martel), mène une guérilla très efficace contre les armées séleucides. Trois ans après le début de la révolte, dans la Jérusalem reconquise (à l’exception de l’Akra, la forteresse, qui reste aux mains des Séleucides), a lieu la dédicace du temple purifié. C'est la fête de Hanoukka (cf. Jn 10.22n), symbolisée par le chandelier à huit branches.

 

Les titres de grand prêtre,de stratège et de gouverneur sont conférés à Jonathan par Alexandre Balas, le successeur illégitime d’Antiochos (152-145). Simon, le successeur de Jonathan qui se fit reconnaître comme l'allié de Rome, mais qui fut aussi celui de Sparte (1 Maccabées14), est également salué comme grand prêtre par Démétrios II Nikator (145-125; cf. 1 Maccabées13.36; 14.27). C'est le commencement de l'Etat hasmonéen. (L’usage veut que l’on parle des « Maccabées » pour désigner les fils de Mattathias, puis des « Hasmonéens » à partir de Jean HyrcanIer, le successeur de Simon; mais il s’agit bien de la même famille, cf. l’arbre généalogique ci-dessous.)

 

Deux siècles d'histoire juive porteront cette marque. Jonathan avait reconquis la Judée. A partir de Jean Hyrcan, ses successeurs étendent leur domination à tout le pays. Aristobule, fils de Jean Hyrcan, portera le titre de roi(104-103). Vers 76, à la fin du règne d’Alexandre Jannée, son successeur, l'ancien royaume d'Israël aura retrouvé sa plus grande étendue (voir carte p. {0000Xcarthasm}). A la mort de sa femme Salomé Alexandra, qui lui a succédé (76-67) à la tête de l’Etat mais non comme grand prêtre, ses deux fils Aristobuleet Hyrcan IIse disputeront le pouvoir. Pompée arbitrera en 63 en faveur d’Hyrcan II, plaçant la Judée dans la dépendance de Rome et ouvrant la voie à Hérode*, qui déposera Hyrcan II en 40 av. J.-C.

 

Pendant toute cette période, l’autorité politiqueest donc liée à la fonction de grand prêtre. Or non seulement les adversaires juifs des Hasmonéens (voir pharisiens*, Qumrân*) protestent contre cette confusion du trône et de l’autel, contraire à l’interprétation dominante de la loi, mais encore ils contestent à la dynastie régnante la légitimité sacerdotale(voir sadducéens*, Qumrân*). Selon 1 Maccabées*2.1 les Hasmonéens appartiennent à la famille sacerdotale de Ioarib (= Yoyarib, Yehoyarib), qui est curieusement rattachée à la fois à Jérusalem et à un tout autre lieu, Modîn, près de la côte méditerranéenne. On note aussi que le rang de cette famille varie selon les généalogies (cf. Esd 8.16; Né 11.5,10; 12.6,19; 1Ch 9.10; 24.7). Quoi qu’il en soit, au Iersiècle les traces des procès en légitimité se seront assez estompées pour que Flavius Josèphe*, à qui nous devons l’information la plus abondante sur toute cette période, se targue d’appartenir lui-même à cette haute lignée sacerdotale.

 

Ce sont les Hérode qui reprendront des fonctions exclusivement politiques à la tête du peuple d’Israël. Il est vrai qu'ils ne se gêneront pas pour nommer et défaire des grands prêtres à leur guise. Les manuscrits de la Bible grecque (LXX*) contiennent plusieurs livresportant le nom de la glorieuse famille des Maccabées. Au Concile de Trente (1545-1563), l’Eglise catholique a retenu les deux premiers comme « deutérocanoniques* »; les protestants les tiennent tous pour « apocryphes* » (voir l’introduction à l’Ancien Testament). Quoi qu’il en soit, aux côtés de plusieurs autres auteurs anciens, ces ouvrages contribuent à la connaissance et à la méditation de la geste maccabéenne, qui inaugure la dernière période de l’histoire d’Israël avant l’ère chrétienne.

 

- 2 Maccabées concerne la première partie de cette période (175-161). Selon ses propres dires, l’auteur de ce livre, qui devait écrire vers la fin du IIesiècle av. J.-C., a effectué une contraction d’un ouvrage (perdu) dû à la plume de Jason de Cyrène et qui comportait cinq livres (2 Maccabées2.24). Il concerne les derniers grands prêtres avant l’émergence des Maccabées, ainsi que les martyrs de cette période. Le ton, plus proche du dithyrambe, se veut moins historique qu’édifiant, ce qui n’empêche pas l’ouvrage de compléter 1 Maccabéessur bien des points d’histoire. Du point de vue religieux, 2 Maccabéesse distingue par le lien qu’il établit entre les morts et les vivants (résurrection*, chap. 7; 14.46; prière des vivants pour les morts, 12.39ss; intercession des morts pour les vivants, 15.11ss). Cela a certainement contribué à son rejet — et à celui de tous les livres de la même catégorie, ceux qui n’avaient pas été retenus dans la Bible juive — par les Réformateurs du XVIesiècle. - 3 Maccabées, qui ne se trouve que dans certains manuscrits de la Septante, est manifestement beaucoup plus tardif que les précédents (Iers. apr. J.-C.), mais il se rapporte en fait à une période antérieure à celle des Maccabées: il évoque une persécution des Juifs d’Egypte par le souverain lagide Ptolémée IV Philopator à la fin du IIIesiècle av. J.-C. Ce récit édifiant s’inspire manifestement d’Esther et de 2 Maccabées.

 

- 3 Maccabées qui se retrouve dans de nombreux manuscrits de la Septante, mais aussi dans des copies des écrits de Flavius Josèphe*, date sans doute également du Iersiècle apr. J.-C. C’est l’œuvre d’un Juif fortement marqué par la philosophie stoïcienne. Il s’agit essentiellement d’un sermon sur le martyre des Maccabées (selon 2 Maccabées), qui se réfère aussi à d’autres personnages de la Bible. Son but est d’exhorter à la raison et à la piété, qui se confondent pour lui en une vertu susceptible de dominer les passions et de faire accéder au divin.

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