r.

rédemption

Le vocabulaire religieux de la rédemption est d’abord employé dans l’Ancien Testament en un sens concret. Il s’agit de la reprise, du rachat, du dégagement ou de la libération d’objets ou de personnes qui sont chargés d’une obligation, d’une condamnation ou d’un engagement (sacrés ou profanes).

 

C’est la racine hébraïque g’l qui correspond généralement, dans la présente traduction, aux mots rédemption, rédempteur, et plus rarement au verbe apparenté rédimer; elle est aussi rendue par reprendre(Jr 31.11). Elle est très proche, quant au sens, de la racine pdh, souvent traduite par libérerou dégager(notamment dans le cas des premiers-nés ou des esclaves, Ex 13.12ss; 21.7s,29s; 34.20; Lv 19.20; 27.27ss; Nb 3.46ss; 18.15ss). On peut aussi en rapprocher kpr, qui fournit le vocabulaire de l’expiation* et dont un dérivé, kopher, signifie également rançon (cf. Ps 49.8s).

 

Les termes apparentés à g’l relèvent à l’origine du droit familial. Le go’el ou rédempteur est celui qui a un droit (et dans une certaine mesure un devoir) de rédemption (ge’oulla) en faveur d’un proche parent. Il peut exercer un droit de préemption pour empêcher un bien foncier ou immobilier de sortir du patrimoine familial ou l’y ramener (Lv 25.23-34; Jr 32.7; Rt 4.4ss), mais aussi libérer un des siens tombé en esclavage (Lv 25.47ss), plus généralement le protéger (Rt 2.20n; 3.9ss), voire venger sa mort (c’est la fonction spécifique du go’el ha-dam, le rédempteur du sang*, que limite partiellement l’institution des villes de refuge en Nb 35.12nss; Dt 19.6,12; Jos 20.3,5,9; cf. 2S 14.11). Il assure la succession de son proche parent et peut recevoir, par exemple, une indemnité à sa place (Nb 5.8; cf. 1R 16.11). En Lv 27.13ss la rédemption semble consister, pour un propriétaire, à reprendreson propre bien en annulant la consécration de celui-ci (voir saint*, sainteté, sanctification).

 

Les termes apparentés à g’l (notamment go’el, rédempteur; cf. Gn 48.16; Ex 6.6; 15.13; Es 41.14; 43.1,14; 44.6,22ss; 47.4; 48.17,20; 49.26; 52.3; 54.5,8; 59.20; 63.4n,9,16; Jr 50.34; Ps 19.15; 69.19; 72.14; 74.2; 77.16; 78.35; 103.4; 106.10; 107.2; 119.154; Jb 19.25; Pr 23.11n; en parallèle avec ntsl, délivrer, en Ex 6.6; Mi 4.10), comme les dérivés de pdh (notamment pour la sortie d’Egypte, assimilée à l’affranchissement de l’esclave; cf. Ex 8.19n; Dt 7.8; 9.26; 13.6; 15.15; 21.8; 24.18; 2S 4.9; 1R 1.29; Es 29.22; 35.10; Jr 15.21; Ps 25.22; 26.11; 31.6; 34.23; 44.27; 55.19; 69.19; 71.23; 78.42; 111.9; 119.134; 130.7s; Jb 5.20; 6.23; 33.28; Né 1.10; 1Ch 17.21; en parallèle avec délivrer en Es 50.2), peuvent dire l’action de Dieuen faveur de son peuple, collectivement, ou des siens pris individuellement (en Es 35.9s; 51.10s; Jr 31.11; Os 13.14 les deux racines hébraïques sont employées en parallèle). Dans cette rédemption l’image du prix payé est parfois présente (Es 43.3s), mais plus souvent elle passe à l’arrière-plan, quand elle n’est pas explicitement exclue (Es 52.3; cf. 45.13; comparer le cas de Jonathan en 1S 14.45, où dégager traduit pdh).

 

Dans la Septante (LXX*), ce sont souvent les dérivés du verbe lutroo qui correspondent à g’l et à pdh. Dans le Nouveau Testament ils décrivent l’œuvre que le Christa accomplie pour les siens: une rédemption, ou une délivrance (Rm 3.24; Tt 2.14; Hé 9.12,15; 1P 1.18s), lue comme l’accomplissement des espérances d’Israël nourries de la méditation sur l’Exode (Lc 1.68; 2.38; 24.21). On peut en rapprocher d’autres termes grecs, comme ceux de la famille de rhuomaï, délivrer (d’un mal ou d’un malheur, Mt 6.13; Lc 1.74; Rm 7.24; 15.31; 2Co 1.10; Col 1.13; 2Th 3.2; 2Tm 3.11; 4.17s; 2P 2.7,9; terme apparenté pour libérateur en Rm 11.26) et de eleutheroo, libérer (Rm 6.18,22; 8.2,21; Ga 5.1).

 

Dans certains textes, cette rédemption est conçue à la façon d’un rachat, obtenu moyennant une rançon (grec lutron, antilutron), à savoir le don fait par le Christ de sa propre vie (Mc 10.45//; 1Tm 2.6; 1P 1.19). Les dérivés du verbe agorazo (qui rappelle l’agora, la place du marché), suggèrent sans doute une représentation analogue (cf. 1Co 6.20; 7.23; Ga 3.13; 4.5; Ap 5.9; 14.3). Entendue au sens précis de rachat ou dans celui, plus large, de délivrance, la rédemptionest présentée à la fois comme une réalité advenuedans l’expérience chrétienne (Ep 1.7; Col 1.14) et comme une perspective d’avenir, objet de l’espérance des fidèles (Rm 8.23; Ep 1.14; 4.30; cf. Lc 21.28).

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