Archives

VI. Les traductions de la Bible dans la première moitié du XXe siècle. La Bible à la base de l’œcuménisme.

Le fait marquant du XXe siècle est la remarquable évolution de l’Église catholique en ce qui concerne son rapport aux Écritures. Le concile Vatican I (1870) tenait la Bible pour un livre surnaturel dans lequel Dieu « se révèle lui-même au genre humain, ainsi que les décrets éternels de sa volonté » et il rappelait avec force que seul le magistère de l’Église catholique a reçu de Dieu la charge d’interpréter correctement l’Écriture : « Il donne cette interprétation dans des dogmes dont le sens est présenté une fois pour toutes ». Vatican II voit plutôt l’Écriture comme un événement, le lieu d’une rencontre avec Dieu. La Constitution Dei Verbum (1965) s’ouvre sur un passage de la première épître de Jean « ce que nous avons vu et entendu nous vous l’annonçons afin que vous soyez en communion avec nous et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1 Jn 1.2-3). D’un point de vue œcuménique, ce nouveau point de départ est capital : non seulement l’Église catholique abandonne toute attitude polémique par rapport aux Églises de la Réforme, mais elle intègre l’expérience de la Parole, si chère à Luther.
Cette humilité nouvelle face à l’Écriture, que catholiques et protestants redécouvrent en même temps, a été l’élément moteur d’un rapprochement œcuménique autour de la Bible durant le XXe siècle. Pour la première fois, des traductions de la Bible sont réalisées en commun, avec l’objectif avoué de favoriser la rencontre de tous les chrétiens avec le Dieu de Jésus-Christ. Ce regain d’intérêt pour la Bible se vérifie dans l’explosion du nombre de traductions nouvelles et dans l’amélioration qualitative indéniable.

La Bible de Maredsous (1950)

En 1943, le pape Pie XII encourage les chrétiens « à la connaissance et à la méditation des Écritures ». Une équipe de moines de l’abbaye de Maredsous en Belgique met en chantier une nouvelle traduction pour rendre le texte plus accessible à l’ensemble des catholiques francophones. Le Nouveau Testament est publié en 1948, la Bible en 1950. L’équipe des traducteurs, dirigée par dom Paul-Georges Passelecq, utilise une langue très claire et veille à ce que les textes puissent être lus à haute voix et restent toujours intelligibles pour les auditeurs. L’ensemble du texte est révisé en 1968, avec notamment l’utilisation de la deuxième personne du singulier pour les adresses à Dieu, puis en 1997. Editeur : Brepols. En savoir plus
 

La version synodale (1910)

Plusieurs synodes officieux des Églises réformées en France ont réclamé une révision de la Bible Ostervald. À partir de 1844, une centaine de pasteurs et de professeurs appartenant aux diverses Églises francophones issues de la Réforme participent à cet effort qui aboutit en 1910 à une traduction nouvelle pour le sens des textes comme pour le style. Pourtant beaucoup de passages ne modifient que très légèrement des versets consacrés par l’usage. Chaque réédition verra le texte s’améliorer, mais l’instabilité du texte a pénalisé la diffusion de cette version. La huitième et dernière édition révisée date de 1956.

La Bible du Centenaire, n’a jamais fait
l’objet d’une publication en un seul
volume. D’où le peu de succès de cette
traduction pourtant intéressante. Page
de titre, fonds SBF.

La Bible du Centenaire (1916-1947)

La Société biblique protestante de Paris décide en 1911 de publier une nouvelle traduction de la Bible pour le centenaire de la Société, fondée en 1818. De 1911 à 1947, les biblistes les plus qualifiés des Églises de la Réforme apportent leur contribution à la Bible du Centenaire qui paraît en fascicules à partir de 1916. Adolphe Lods dirige les travaux sur l’Ancien Testament et Henri Monnier ceux sur le Nouveau Testament. Avec une attention toute spéciale aux manuscrits utilisés, la Bible du Centenaire tente de traduire en français le style propre de chaque auteur biblique. Des introductions et des notes très développées fournissent tous les éclaircissements sur le texte que la science biblique de l’époque permettait. Cette Bible encyclopédique n’a jamais été éditée intégralement. Sa diffusion est restée confidentielle, mais toutes les Bibles annotées publiées après la Bible du Centenaire ont bénéficié de cette entreprise exceptionnelle.

  Suite : Les traductions de la Bible aujourd'hui

C.B.

Bibliographie :
J.-R. Armogathe (sous dir.), Le grand siècle de la Bible, 1989
J.-M. Auwers et al., La Bible en français (guide des traductions courantes), Connaître la Bible n° 11/ 12, 1999, rééd. 2002
J.-M. Babut, Lire la Bible en traduction, 1997
Y. Belaval et D. Bourel, Le Siècle des Lumières et la Bible, 1985
M. de Certeau, L’idée de traduction de la Bible au XVIIe siècle, RSR, t. LXVI, 1978
F. Delforge, La Bible en France et dans la francophonie, SBF, 1991
A. Kuen, Une Bible et tant de versions, 1996
D. Lortsch, mise à jour par J.-M. Nicole, Histoire de la Bible française, 1997
C. Savat et J.-N. Aletti (sous dir.), Le monde contemporain et la Bible, 1985


En savoir plus :

Premières traductions de la Bible


Faites un don

Associez-vous à nos actions, faites un don

Pour faire un don au tritre de l'impôt sur le revenu, cliquez ici La Fondation Bible & Culture est également habilitée à recevoir les dons dans le cadre de l 'IFI

Découvrez les 5 traductions de la Bible réalisées par l'Alliance biblique française sur Editionsbiblio.fr

La Bible Parole de Vie - Standard
Avec les deutérocanoniques La Bible Parole de Vie - Standard
19.90