Témoignages

Communiquer la bonne nouvelle !

Quand j’ai succédé à l’aumônier partant en retraite, le culte à l‘aumônerie protestante avait lieu tous les 15 jours, et de deux à cinq détenues déclarées protestantes s’y rendaient. Dans l’aumônerie, il y avait une demi-douzaine de Bibles version Louis Segond 1910, et une Bible Darby guère plus jeune, entreposées dans le placard.

Comme je souhaitais faire participer la petite assistance en la faisant lire, je me suis vite rendue compte que le niveau de vocabulaire des détenues était réduit. Il me fallait donc relire, expliquer les mots, faciliter l’interaction en les faisant parler, en attendant le développement du culte.

De temps en temps, l’une ou l’autre me demandait à voix basse si elle pouvait emmener une Bible avec elle en cellule.  « Ben oui, pourquoi pas ?  Voilà, il me reste des traductions Segond et une Darby »… « Oh, je peux avoir la « Zarbi » me demande la toute jeune parisienne qui s’était rapprochée de nous »…

Les femmes détenues aiment chanter. C’est une chance et donc le chant, accompagné à la guitare, était notre point fort. On nous entendait dans les étages et quelques nouvelles détenues se sont inscrites au culte surtout pour chanter.

Tiens voilà, une nouvelle fois, une détenue me demande une Bible pour l’emporter dans sa cellule. Comme je suis certaine qu’elle ne sait pas lire, curieuse, je lui demande la raison de cet emprunt. A voix basse, elle m’informe que la date de son procès approche et elle souhaite dormir avec la Bible.  « Avant le procès ça fait du bien » ajoute-t-elle pour ma gouverne. Je suis sidérée : une Bible sert toujours. Même si on ne peut la lire, la comprendre, elle peut toujours servir comme objet magique. Mais la Bible court alors le risque de devenir un gri-gri... En rentrant chez moi, je me demande ce que je fais à la prison…

Et j’en parle à des amis, à des pasteurs, à d’autres aumôniers. Il y en a un qui me signale que justement, à la Société  Biblique, on est en train de traduire la Bible en « français fondamental » avec une base de 3.500 mots seulement. Ca m’intéresse. Et peu après, l’un des pasteurs m’offre le Nouveau Testament qui vient d’être imprimé dans cette traduction. J’en achète une dizaine d’exemplaires que je vais utiliser dorénavant au culte à Fleury et je commence à faire lire les textes bibliques par les détenues, dans cette version « abrégée ». Ce Nouveau Testament devient vite « La Bible qu’on ouvre et qu’on comprend » et il devient vite aussi le manuel d’apprentissage de la lecture.

Un jour, une détenue me demande à nouveau une Bible à emporter dans sa cellule. Je soupire… oui, il faut avoir de la patience. Je vais aller lui chercher une antique Bible Segond, reliure dorée…  « Non, non » me dit-elle « pas celle-ci, donnez-moi celle qu’on ouvre et qu’on comprend »…J’en suis bouleversée, ai-je bien entendu ? Aussi je la prie de répéter sa demande… Oui, c’est bien cela : elle veut lire la Bible en cellule. Il ne m’en reste qu’une, que je lui remets en bénissant Dieu… Je prends maintenant l’habitude de renouveler régulièrement le stock des Nouveaux Testaments dans la traduction en français fondamental, car mon collègue catholique partage bien mon intérêt pour cette nouvelle traduction, qu’il fait lire de son côté par l’aumônerie catholique. Et quand la Bible en français fondamental est enfin traduite dans sa totalité et éditée, j’en achète un plein carton pour la Maison d’Arrêt des Femmes de Fleury Merogis.

Par la suite, lors d’un salon associatif protestant-évangélique, je salue le directeur de la Société Biblique, que je connais, et je lui fais part de mon expérience. Il est épaté, si bien qu’il  trouve un petit budget pour l’aumônerie protestante des prisons, et nous voilà partis pour une première édition spéciale prison de « la Bible en Français fondamental». Le texte étant devenu entre- temps « Parole de Vie ».

Tous les aumôniers protestants des prisons en France ont dorénavant dans les mains une version des textes bibliques correspondant aux besoins de communication des prisonniers. Avec mon collègue catholique et à sa demande, nous avons ouvert un rayonnage commun avec ces nouvelles Bibles « spéciales prison ». Ensuite, les aumôniers catholiques des prisons ont fait imprimer une nouvelle version de la Bible « spéciale prison » en y ajoutant les livres deutérocanoniques. La dernière édition de la Bible « spéciale prison » de 2016 était donc œcuménique, utilisée par les aumôniers protestants et catholiques.

Ainsi tout détenu, même disposant d’un petit vocabulaire en français et qui désire lire la Bible, a dorénavant accès à une traduction qui lui convient. Ceci répond à notre souci fraternel de pouvoir engager un dialogue de qualité avec les détenus.

Par Rose-Marie Erb                                                                                       

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