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paix

Le mot hébreu shalom, comme son correspondant français paix, peut signifier l’absence de guerre ou la bonne entente entre les gens et les nations (1R 2.5; 20.18; Ps 120.6s; Ec 3.8; cf. Dt 2.26ss; 20.10ss; Jos 10.1ss; 11.19; Jg 4.17; 11.13; 21.13; 1S 7.14; 2S 3.20s; 1R 5.4,26; 22.45; Jr 9.7; 12.12; Za 6.13n; Ps 35.20; Pr 16.7n; 1Ch 12.18; 2Ch 15.5), choses souvent garanties dans le monde biblique par une alliance* (Gn 26.28ss; Jos 9.15; cf. la formule alliance de paix en Nb 25.12; Es 54.10; Ez 34.25; 37.26; voir aussi Ml 2.5; Jb 5.23). Mais il offre une gamme de sens beaucoup plus large. Dérivé d’une racine shlm (comme Salomon, 1Ch 22.9, et Jérusalem, au moins selon l’étymologie populaire, Ps 76; 122.6nss; 125.5; 128.6; 147.12ss; cf. Lc 19.42), qui évoque l’intégrité, la plénitude, le caractère complet ou intact de quelque chose, il représente le bonheur, la prospérité, la santé, la sécurité, tout ce qui « va bien » (cf. Gn 28.20ns; Dt 23.7; 2S 17.3; 20.19; 1R 2.33n; Es 57.19; Jr 4.10n; 6.14; 25.37n; Ez 7.25n; Za 8.12; Est 9.30; 10.3; Esd 9.12; cf. 1Th 5.3). Dès lors le shalom ne se définit pas obligatoirement par opposition au conflit. Paradoxalement par rapport au sens de « paix », on peut s’enquérir du « shalom de la guerre », c’est-à-dire demander si les opérations militaires se déroulent normalement (2S 11.7n); par ailleurs le shalom à l’issue d’un combat signifie souvent la victoire plutôt que l’armistice (Jg 8.9; Jr 43.12). Pour le vaincu, la paix est au contraire synonyme de reddition (2S 10.19; 1R 20.18; 2R 18.31n; 1Ch 19.19; cf. Es 27.5). Parmi les termes apparentés on trouve le sacrifice de paix ou « sacrifice de communion », destiné à rétablir, à maintenir ou à célébrer un ordre harmonieux entre les hommes et la divinité (Lv 3.1n ; cf. Jg 20.26; 1S 13.9; 2S 6.17s; voir aussi « Les animaux offerts en sacrifice », p. 150).

 

Shalom constitue en hébreu la salutationla plus courante (Gn 37.4n), sur le mode interrogatif (on demande à quelqu’un « si tout va bien », ou « comment il va », cf. 2R 9.11,17nss) ou optatif (on lui souhaite « que tout aille bien »; cf. Jg 6.23ns; 19.20; 1S 25.6; Jr 8.11; Dn 10.19; équivalent araméen en 3.31; 6.26; Esd 5.7; traduit en grec en Lc 10.5; Jn 20.19). On le retrouve, semble-t-il, dans une formule de bienvenue en 1S 16.4ns et surtout dans l’adieu va en paix (Ex 4.18; Jg 18.6; 1S 1.17; 20.42; 29.7; 2S 15.9,27; 2R 5.19; cf. Mc 5.34; Lc 7.50; 8.48; Ac 16.36; voir aussi Gn 26.29,31; Ex 18.23; 1S 25.35; 2S 3.21ss; 1R 22.17; Es 55.12). Cette salutation est sans aucun doute aussi à l’arrière-plan de la salutation chrétienne grâce et paix qui introduit les épîtres du Nouveau Testament grec (Rm 1.7; 1Co 1.3 etc.; 1P 1.2; 2P 1.2; 2Jn 3; Jd 2; Ap 1.4), et des bénédictions analogues qui les concluent (Rm 15.33; 2Co 13.11; Ep 6.23; 2Th 3.16; 1P 5.14; 3Jn 15).

 

Cette diversité de sens est largement présente dans la « valeur » de la paix, vue (aux côtés de la justice*, Es 9.7; 32.17s; 48.18; 60.17; Za 8.16n; Ps 85.9,11; cf. Hé 12.11) comme un don de Dieu (Nb 6.26; Es 26.12; 57.19; Jr 16.5; Mi 5.4; Ps 29.11; 35.27; 85.9; 147.14; Jb 25.2; elle est de façon analogue le produit de la sagesse en Pr 3.17) et comme une récompense pour les fidèles (Lv 26.3-7; Nb 25.12; Ps 4.9; cf. Es 48.22; 57.21; 59.8; Jb 22.21; Lm 3.17), qui sont eux-mêmes appelés à aimer et à rechercher la paix (Za 8.19; Ps 34.15; cf. Es 59.8; Ps 37.37; Ct 8.10n). Cette paix représente le bien ultime, l’objet même de l’espérance du peuple (Es 32.17s; 57.19; 66.12; Jr 33.6; Ez 37.26) et le cœur de la prédication des prophètes* de toute sorte (Jr 6.14; 14.13; 28.9; Ez 13.16). Elle est associée au roi idéal (Es 9.6; Za 9.9s; Ps 72.7; cf. Es 11.6ss; Os 2.20) qui sert de modèle à la figure du messie (voir onction*). La notion de paix intérieure (sérénité, contentement) affleure quelquefois (Ps 119.165). La paix est souvent associée au repos, et parfois à la mort du juste (Es 57.1s; cf. Gn 15.15; 2R 22.20; Jr 34.5; comparer avec 1R 2.6; Jb 21.13).

 

Bien que le grec eirénè (cf. l’adjectif « irénique ») soit naturellement plus proche, quant au sens, de notre mot « paix » (Mt 10.34//; Lc 14.32; Ac 12.20; 24.2; Ap 6.4), son usage dans le Nouveau Testament est largement tributaire de l’hébreu shalom. La « paix » est également le bien ultime, mais elle est réalisée par Jésus-Christpour les siens (Lc 1.79; Jn 14.27; 16.33; Ep 2.14) et pour le monde (Lc 2.14; Col 1.20); elle a sa source en Dieu(Rm 15.33; 16.20; 1Co 14.33; 2Co 13.11; Ph 4.9; 1Th 5.23; 2Th 3.16; Hé 13.20) et elle est étroitement liée à l’Esprit* (Rm 8.6; 14.17; 15.13; Ga 5.22). Elle constitue à elle seule un résumé de la bonne nouvelle(Ac 10.36; Ep 2.17; 6.15; cf. Mt 10.12s//; Lc 10.5; comparer avec Es 52.7; Na 2.1): le salut chrétien consiste avant tout en une paix ou une réconciliation avec Dieu (Rm 5.1; cf. 2Co 5.18ss). Elle fournit également le programme éthiquede la foi chrétienne (Mt 5.9; 1P 3.11), pour la vie communautaire (Mc 9.50; Rm 14.17,19; 1Co 16.11n; 2Co 13.11; Ep 2.14ss; 4.3; 6.23; Col 3.15; 1Th 5.13; 2Tm 2.22; 1P 3.11; 2P 3.14; cf. Ac 9.31) comme vis-à-vis des non-chrétiens (Rm 12.18; Hé 12.14; cf. Col 1.20; Jc 3.17s); elle tend enfin à s’intérioriser en une réalité du cœur* (Ph 4.7; Col 3.15). Pourtant, en Mt 10.34// Jésus oppose son message, qui n’est pas consensuel, à la paix: il apporte au contraire l’épée, symbole de la guerre, et la division.

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