e.

esprit, souffle 

L’hébreu rouah, rendu le plus souvent par souffledans la présente traduction (on rencontre aussi, dans un sens analogue, néphesh Gn 1.30net neshama Gn 2.7n), a pour correspondance habituelle dans la Septante (LXX*) et le Nouveau Testament le grec pneuma, traditionnellement rendu par esprit(quoique, comme son correspondant hébreu, pneumasignifie d’abord « souffle » ou « vent »). De multiples façons, les mots traduits par souffle ou espritévoquent dans l’ensemble de la Bible le mouvementet la vie, au sens propre ou métaphorique, comme résultant de l’action mystérieuse (cf. Jn 3.8) de Dieu— de son souffle, en quelque sorte (cf. Ex 15.8; 2S 22.16).

 

Toute vie, humaine ou animale, est animée par le même souffle, qui est souvent présenté comme le souffle même de Dieu (Gn 6.3,17; 7.15,22; Es 40.5; 42.5; Ez 37; Ps 104.29s; Jb 27.3; 34.14s; Ec 3.19; 12.7; cf. Ac 17.25). Au souffle ou esprit de l’homme, naturellement, sont en outre attribués tous les mouvements intérieurs, émotions ou sentiments, qui caractérisent l’existence humaine (Gn 45.27n; Ex 35.21,31; Jos 2.11; 5.1; 2R 19.7; Es 19.3n; Jr 51.17; Ez 11.19; 36.26; Ps 51.12; Pr 16.2; cf. Pr 20.27). Dieu est dès lors perçu comme celui qui orientel’homme vers telle ou telle voie en envoyant sur lui tel ou tel souffle ou « esprit » (Ex 28.3; Dt 34.9; Jg 9.23; 1S 16.14ss; 18.10s; 19.9; 1R 22.19ss; Es 4.4; 11.2; 19.14; 29.10; voir aussi démon*, diable, Satan). Outre la métaphore du vent, celle de l’eau viverevient à maintes reprises pour dire l’action du souffle ou « Esprit » de Dieu, répandu sur une communauté humaine ou remplissant tel ou tel (Dt 34.9; Es 19.14; 29.10; 32.15; 44.3; Ez 39.29; cf. Jn 3.5; 7.38s; Ac 1.5; 2.33; voir aussi baptême*).

 

Si le souffleou esprit de Dieu est souvent donné comme la cause de la vie « ordinaire » (c’est lui qui préside à la création du monde en Gn 1.2n; cf. Ps 33.6), on le voit plus volontiers encore derrière l’extraordinaire: c’est la force à l’œuvre chez les héros(Jg 3.10; 6.34; 11.29; 13.25; 14.6,19; 15.14; 1S 11.6s), la source d’inspiration des prophètes(1S 10.6,10; 19.20s; 2S 23.2; Es 11.2; 42.1; 61.1; Ez 2.1s; 11.5; Os 9.7; Mi 3.8; cf. 2Tm 3.16 où le terme traduit par inspiré de Dieuest apparenté au mot pour « souffle » ou « esprit »; 2P 1.20s), ou même ce qui donne une habileté exceptionnelle à tel artisan(Ex 31.3).

 

C’est dès lors par son souffle, son Esprit, plus directement encore que par ses anges*, — lesquels peuvent aussi, à l’occasion, être appelés « esprits » (Ac 23.8s; Hé 1.14) — que le Dieu transcendant et inaccessible se rend paradoxalement présent à l’histoirede son peuple (Es 59.21; 63.10ss; Ag 2.5; Za 4.6; Ps 143.10; Né 9.20,30). Avec les désillusions de l’histoire, où l’œuvre de Dieu se fait insaisissable, l’espérance se tourne vers une action spectaculaire et définitive du souffle de Dieu, porteuse d’une réforme radicale, à la fois jugement (Es 4.4; 11.4; 30.28) et salut (Es 32.15ss; 44.3; Ez 11.19; 18.31; 36.26s; 37; Jl 3.1ss).

 

C’est cette espérance que le Nouveau Testament déclare accomplie par Jésus-Christ. L’Esprit de Dieu (nommé le plus souvent Esprit saint— on pourrait dire « souffle sacré » — comme dans une partie de la littérature juive de la même époque; cf. déjà Es 63.10; Ps 51.13) est à l’œuvre dans toute l’histoire de Jésuscomme chez les prophètes et les héros d’autrefois, et d’une façon plus décisive encore (Mt 1.18ss; 12.28; Mc 1.10ss//; 3.28ss; Ac 10.37s). Mais surtout, l’Esprit saint va devenir la condition même de l’existence chrétienne et de la communauté des chrétiens(Jn 3; Rm 8; 1Co 6.11). Témoin le récit de la fondation de l’Eglise à la Pentecôte, qui met en scène l’image traditionnelle du vent avec celle du feu (Ac 2; cf. Jn 20.22). C’est l’Esprit saint qui justifieles chrétiens face au judaïsme et au monde en général (Mc 13.11//; Jn 16.8ss).

 

Cette action de l’Esprit, perçue comme fondamentalement nouvelle (Rm 7.6) quoique dans la ligne de l’Ancien Testament, est inséparablement liée à la mortet à la résurrectionde Jésus (Jn 7.39; Ac 2.33; Rm 8.11; 1P 3.18; voir aussi Hé 9.14). L’Esprit de Dieu est aussi bien, désormais, l’Esprit du Christ(Rm 8.9; Ga 4.6; Ph 1.19; cf. 1Co 15.45; 2Co 3.17), son mode de présence dans la communauté et dans la vie de chacun de ses membres. L’Esprit anime toute la vie de l’Eglise, tant son expression de foi ordinaireque les phénomènes extraordinaires(1Co 12—14; cf. Rm 12.6ss). Il est la dynamique d’une éthiquenouvelle (Rm 8.5ss; Ga 5.16ss) et d’un cultenouveau (Jn 4.24; Rm 8.26ss; 12.2ss; Ga 4.6). En cela, Paul l’oppose à la chair*, c’est-à-dire aux aspirations naturelles de l’homme (Rm 8.4s; Ga 3.3ss; 5.16ss; 6.8; cf. aussi Jn 3.6; 6.63; c’est aussi le sens de l’antithèse entre les adjectifs spirituelou, d’après le grec, « pneumatique » [qui relève du pneuma, l’Esprit], et naturelou « psychique » [qui relève de la psukhè, « l’âme* » au sens d’« être animal, naturel »] en 1Co 2.14ns ; 15.44s; Jc 3.15n; Jd 19; cf. Hé 4.12n). Mais il l’oppose aussi à la lettrede la loi divine, jugée incapable de procurer à l’homme une véritable libération (Rm 7.6; 2Co 3). Avec cet avènement de l’Esprit, l’humanité accède, au cœur même de son existence historique, à la réalité dernière et éternelle (Rm 8.23; 2Co 1.22; 5.5; Hé 6.4s).

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