c.

changement radical, changer radicalement

Dans la Bible, plusieurs termes hébreux et grecs évoquent, sans les dissocier, l’idée d’un changement intérieurde l’homme et celle d’un changement de conduite.

 

Le verbe hébreu shouv signifie, au sens concret, revenir(en principe, au lieu où l’on était). La Bible l’emploie souvent dans un sens religieux et moral, pour décrire le « retour à Dieu » de celui qui s’en était éloigné. Le judaïsme postérieur a développé dans ce sens l’usage du substantif teshouva, qui aujourd’hui correspond grosso modoaux termes « repentance » et « conversion » dans la tradition chrétienne, mais qui n’avait pas de sens religieux dans la Bible (il désigne le « retour de l’année », c’est-à-dire le printemps, en 2S 11.1; 1R 20.22,26; 1Ch 20.1; 2Ch 36.10; et une « réponse » dans un dialogue en Jb 21.34; 34.36).

 

Les prophètes appellent sans cesse leurs compatriotes ou leur peuple, collectivement, à revenir de leur conduite (Jr 18.11; Ez 18.23,27; 33.11,14) ou à revenir à Dieu (Es 55.7; cf. Os 2.9); parfois ils exhortent, dans un sens absolu, à revenirou à faire demi-tour(Ez 18.30ss; cf. Es 30.15). Cette conversionn’est évidemment pas l’adoption d’une croyance ou d’une religion nouvelles, mais un changement radical d’attitude et de comportement qui se comprend comme un retourvers une origine perdue ou délaissée (cf. Dt 30.1s) — retour paradoxal, au moins dans les quelques textes qui étendent aux non-Juifs l’espoir d’une telle « conversion » au Dieu d’Israël (Es 19.22ss). Par-delà toute exhortation, ce retour reste en son fond un mystère, comme l’indiquent les variations de Jérémie sur le thème « il faut revenir — c’est Dieu qui fait revenir » (Jr 15.19; 31.18; cf. v. 31ss).

 

Le verbe hébreu nhm est souvent traduit par regretter dans la présente traduction (parfois « se repentir » dans des versions plus anciennes). Il peut évoquer le regret douloureux de ce qu’on a fait ou un changement d’avis, par lequel on renonce,notamment par pitié,à entreprendre une action qu’on avait décidée. Dans certains récits bibliques, Dieu lui-même a ce genre de regrets, qui donnent à l’histoire un tour inattendu (Gn 6.6ns; Ex 32.12,14; Dt 32.36n; Jg 2.18; 1S 15.11,29,35; 2S 24.16; Jr 4.28; 15.6; 18.8,10; 26.3,13,19; 42.10; Ez 24.14; Os 13.14n; Jl 2.13s; Am 7.3,6; Jon 3.9s; 4.2; Za 8.14; Ps 90.13n; 106.45; 110.4; 1Ch 21.15). Le verbe nhm évoque aussi d’autres types de changements, aussi bien l’apaisement ou la satisfaction que permet la vengeance (cf. Gn 27.42n; Es 1.24; Ez 5.13) que la consolationqui met fin au deuil et permet, dirions-nous, de « tourner la page » (cf. Gn 5.29n; 24.67; 38.12; 2S 13.39; Es 40.1ss; Ez 14.22; Ps 77.3).

 

L’appel au changement radical est un élément essentiel du Nouveau Testament.Dans les évangiles, il est au cœur du message de Jean le Baptiseur, où il n’est déjà plus simple exhortation, mais aussi promesse (Mt 3.2n//; cf. Ac 13.24; 19.4; voir aussi Ps 51.12). Il a également sa place dans la proclamation de Jésus(Mt 4.17; Mc 1.15; cf. Lc 5.32; 15.7) et de ses apôtres* ou envoyés (Mc 6.12; cf. Lc 24.47). Le terme grec métanoïa et le verbe métanoéo, qui sont les maîtres mots de ce message, évoquent un changement radicald’attitude et de conduite issus, selon l’étymologie, d’une « réflexion après coup » — d’une « remise en question », dirait-on aujourd’hui. Ils incluent donc souvent le repentir, c’est-à-dire le regret d’un comportement passé (d’où la traduction traditionnelle « repentance »), mais ils signifient également un changement à la fois profond et tangible qui engage l’avenir: il s’agit de revenir d’une mauvaise voie (Ac 8.22; Ap 2.21ns; 9.20s), de l’abandonner (Hé 6.1n), pour se tourner versDieu (Ac 20.21n), en produisant des fruits ou des œuvres qui témoignent d’un réel changement (Mt 3.8; Lc 3.8,10-14; Ac 26.20). L’ensemble de ce processus peut être décrit comme un don de Dieu (Ac 5.31 ; 11.18).

 

Le Nouveau Testament distingue assez nettement métanoéodu verbe métamélomaï et de ses dérivés, qui évoquent le remords ou le regret (Mt 21.29,32; 27.3; Rm 11.29; 2Co 7.8,10 [noter la formule qui joue sur les deux racines: un changement radical... que l’on ne regrette pas]; Hé 7.21). En revanche, il leur associe parfois (Ac 3.19; 26.20) une autre famille de termes, celle du verbe épistrépho. Celui-ci, selon une métaphore analogue à l’hébreu shouv (qu’il traduit régulièrement dans LXX*), suggère un retour(l’œuvre de Jean le Baptiseur ramène ainsi à Dieu, Lc 1.16s; cf. Jc 5.19s; 1P 2.25) ou au moins un demi-tour (une « conversion » au sens étymologique du terme; au sens banal, cf. Mc 5.30; on hésite parfois entre le sens propre et le sens figuré, cf. Lc 22.32n). Le verbe épistréphoest souvent employé pour décrire la conversion(le substantif apparaît en Ac 15.3) à la foi chrétienne de Juifs et de non-Juifs, acte qui consiste à se tourner vers Dieu ou vers le Seigneur (Ac 9.35; 11.21; 14.15; 15.19; 26.18; 28.27; 2Co 3.16). Parfois la métaphore est développée, comme pour les chrétiens de Thessalonique qui se sont tournés vers Dieu ense détournant des idoles.

 

Le changement initial et fondateur de la vie chrétienne est évoqué par bien d’autres métaphores, notamment celle de la nouvelle naissance(Jn 3.3ss; cf. 1.13; Tt 3.5; Jc 1.18; 1P 1.23; 1Jn 2.29; 3.9; 4.7; 5.1ss,18). Signifié par le baptême*, il est un acte unique et non renouvelable (Hé 6.4ss), bien que les chrétiens soient régulièrement appelés à se remettre en question et à changer radicalement de conduite.

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