1Il me répondit : « Prends-en la mesure en toi-même. Quand tu auras vu passer une partie des signes qui ont été prédits, 2tu comprendras alors que c'est le temps même où le Très-Haut commencera à visiter le monde qu'il a fait.
3Quand dans le monde on verra les troubles dans les régions, le désordre des peuples, les machinations des nations, l'inconstance des chefs, le désordre des princes, 4tu comprendras alors que le Très-Haut avait parlé de cela depuis les jours qui furent auparavant, au commencement. 5Car de même que, pour tout ce qui a été fait dans le monde, le commencement est évident et la fin manifeste, 6tels sont les temps du Très-Haut : leurs commencements se manifestent en prodiges et en actes de puissance, et leur achèvement en actes et en signes. 7Tout homme qui aura été sauvé et qui aura pu s'échapper par ses œuvres ou par la foi en laquelle il a cru, 8celui-là survivra aux dangers prédits et verra mon salut sur ma terre et dans mes frontières que j'ai sanctifiées pour moi de toute éternité. 9Alors seront stupéfiés ceux qui maintenant se sont détournés de mes voies, et demeureront dans les supplices ceux qui les ont rejetées de façon dédaigneuse.
10Car tous ceux qui ne m'ont pas reconnu de leur vivant tout en ayant obtenu mes bienfaits, 11tous ceux qui ont eu du dégoût pour ma loi tandis qu'ils jouissaient jusqu'alors de la liberté, 12et qui, tandis qu'un lieu de pénitence leur était jusqu'alors ouvert, ne l'ont pas compris mais méprisé, ceux-là doivent, après leur mort, venir à la connaissance dans le supplice. 13Toi donc, à présent, laisse toute curiosité concernant la façon dont les impies seront suppliciés, mais cherche comment les justes seront sauvés, à qui le monde appartiendra, pour qui il sera et quand cela se produira. »
Sur une grappe, Dieu ne sauve qu'un grain
14Je répondis : 15« Jadis j'ai parlé ; je le dis maintenant et je le redirai : ceux qui périssent sont plus nombreux que ceux qui seront sauvés, 16tout comme le flot l'emporte sur la goutte. »
Il me répondit : 17« Tel est le champ, telles sont aussi les semences ; telles sont les fleurs, telles sont aussi les couleurs ; tel est le travail, telle est aussi l'œuvre ; tel est l'agriculteur, telle est aussi la moisson. Car il y eut un temps du monde 18où je faisais les préparatifs pour ceux de maintenant, avant que soit le monde dans lequel ils habiteraient ; et personne alors ne vint me contredire ; 19il n'y avait en effet personne. Et maintenant, créés dans ce monde préparé pour eux, avec une table où rien ne manque et un pâturage inépuisable, ils se sont corrompus en leurs mœurs. 20J'ai considéré mon monde et voici qu'il était perdu ; mon univers et voici qu'il était en danger à cause des machinations qui y furent tramées. 21J'ai vu, j'ai épargné à grand peine, sauvé pour moi un grain de la grappe et un plant de la grande forêt. 22Que périsse donc la multitude qui est née en vain et que soient conservés mon grain et mon plant, parce que je les ai menés à la perfection avec beaucoup de peine.
23Toi, si tu laisses encore s'écouler sept autres jours – mais tu n'y jeûneras pas –, 24tu iras dans une plaine de fleurs où aucune maison n'est bâtie. Mange seulement des fleurs de la plaine ; de viande, tu ne goûteras pas, de vin, tu ne boiras pas ; seulement des fleurs. 25Supplie le Très-Haut sans interruption ; je viendrai et je parlerai avec toi. »
QATRIÈME VISION
26Je partis, comme il me l'avait dit, dans la plaine appelée Ardat ; je m'assis là, parmi les fleurs, je mangeai des herbes du champ et leur nourriture me rassasia. 27Après sept jours, alors que j'étais couché sur le foin, mon cœur était de nouveau troublé comme auparavant. 28Ma bouche s'ouvrit et j'entrepris de parler devant le Très-Haut :
Même si Israël périt, la loi demeure
29« O Seigneur, parmi nous tu t'es fait voir à nos pères dans le désert, quand ils sortaient d'Egypte et qu'ils allaient dans le désert que personne ne foule et qui ne produit pas de fruit. Tu as parlé en disant : 30“Toi, Israël, écoute-moi ! Semence de Jacob, soyez attentifs à mes paroles ! 31Car voici que je sème en vous ma loi ; elle produira en vous du fruit et vous en serez glorifiés à jamais.” 32Or en recevant la loi, nos pères ne l'ont pas observée et ils n'ont pas gardé les décrets. Le fruit de la loi était impérissable ; il ne pouvait pas périr, car il était tien. 33Mais ceux qui ont reçu la loi ont péri, n'ayant pas gardé ce qui avait été semé en eux. 34Tel est l'usage : quand la terre a reçu une semence, ou la mer un navire, ou encore un récipient des aliments ou des boissons, et quand vient à être détruit 35ce qui a été semé, ce qui a été envoyé ou recueilli, ces choses sont détruites, mais les réceptacles demeurent. Mais chez nous, en l'occurrence, il n'en fut pas ainsi. 36Assurément nous qui avons reçu la loi, à cause de notre péché nous périrons, et notre cœur aussi, qui l'a accueillie. 37Quant à la loi, elle ne périt pas, mais elle demeure en sa magnificence. »
La vision de la femme
38Comme je parlais ainsi dans mon cœur, je tournai les yeux et je vis une femme à ma droite. Et voici : elle se lamentait, pleurait à grands cris et souffrait beaucoup en son âme ; ses vêtements étaient déchirés et elle avait de la cendre sur sa tête. 39Je chassai les pensées qui m'agitaient, je me tournai vers elle et lui dis : 40« Pourquoi pleures-tu et de quoi souffres-tu en ton âme ? » 41Elle me dit : « Laisse-moi, mon Seigneur, pleurer sur moi et ajouter à ma douleur, car je suis humiliée à l'extrême. » 42Je lui dis : « Qu'as-tu souffert ? Dis-moi ! »
Elle me dit : 43« Moi, ta servante, j'ai été stérile et je n'ai pas enfanté, alors que j'ai eu un mari pendant trente ans. 44Or moi, à chaque heure et chaque jour durant ces trente ans, je suppliais le Très-Haut, nuit et jour. 45Et, au bout de trente ans, Dieu exauça ta servante, il porta son regard sur mon humiliation, il fut attentif à mon tourment et me donna un fils. Je me suis beaucoup réjouie, avec mon mari et tous les habitants de la ville, et nous rendions grand honneur au Vaillant. 46J'ai nourri mon fils avec beaucoup de peine. 47Quand il eut grandi et quand je fus allée lui prendre une épouse, je fis un jour de festin.