Vos questions sur la Bible

Des différences entre plusieurs éditions de la Bible Ostervald ?

La question que l'on peut se poser à propos de la version d'Olivétan est tout à fait intéressante et on ne peut y répondre sans se replacer dans le contexte de ce qu'était le protestantisme français à l'époque.

 

Pasteur de l’Église protestante de Neuchâtel en Suisse, Jean-Frédéric Ostervald s’efforce de rendre le culte plus profitable pour l’ensemble des fidèles. Il commence par rédiger un argument pour introduire chacun des livres bibliques, puis pour chaque chapitre un sommaire qui en présente les thèmes principaux et enfin une conclusion qui rappelle au lecteurs l’essentiel des vérités exprimées dans le chapitre.

L’archevêque de Canterbury obtient d’Ostervald l’autorisation de traduire en anglais le texte de ses Argumens et Reflexions sur l’Ecriture Sainte. L’Ancien Testament paraît en 1716 et la Nouveau Testament en 1718 alors que le texte français n’a pas encore été publié. Devant la menace de voir utiliser une improbable traduction d’anglais vers français, Ostervald accepte que son texte soit publié en 1720 à Neuchâtel. En 1724, paraît une édition de la version David Martin à peine révisée, assortie des Argumens d’Ostervald.

Même s’il a passé toute sa vie à méditer les Écritures, c’est seulement en 1742 qu’il entreprend une révision complète de la Bible de David Martin. Il travaille rapidement, en deux ans, et sans abandonner pour autant ses activités pastorales. Alors qu’il a quatre-vingt-un ans, il fait paraître à Neuchâtel en 1744 une nouvelle éditions revue, corrigée et augmentée. Ostervald précise dans son introduction que sa logique de révision a été « de faire les corrections qui paraissaient nécessaires, de changer des expressions et des manières de parler qui ne sont plus en usage et pourraient causer de l’obscurité. »

La Bible Ostervald a connu une audience exceptionnelle dans le monde protestant jusqu’à la fin du XIXe siècle, ce que son auteur était loin d’imaginer. On l’a rééditée plus de quarante fois entre 1744 et 1899. Elle présente l’avantage de s’inscrire totalement dans la tradition réformée en corrigeant de façon assez minime la version David Martin qui elle-même reprenait la Bible de Genève. Mais la prédominance de cette version jusqu’au XIXe siècle révèle plutôt la faiblesse endémique du protestantisme francophone, très affaibli par l’opposition à laquelle il a dû faire face de la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, jusqu’à l’Édit de Tolérance en 1797.

La traduction d'Ostervald, en raison de cette longévité imméritée, a dû subir tout au long de l'histoire de sa publication de nombreuses révisions. De 1818 à 1822, une commission de théologiens suisses sous la direction du professeur Leresche supervise un groupe de réviseur conduit par le pasteur David Levade. Les principes de révision consistent à reprendre l'ensemble du texte à partir des autres versions existantes et surtout à partir de l'hébreu et du grec, car Ostervald comme Olivétan, reste encore trop dépendant de la version latine qui transparaît encore dans de nombreux endroits où le texte original fait difficulté. Cette révision qui améliore sensiblement le texte d'Ostervald dans le sens d'une plus grande fidélité aux textes originaux, a du mal à être acceptée par le courant piétiste qui la juge trop libérale. N'oublions pas que le début du 19e siècle est marqué par d'âpres confrontations théologiques au sein du protestantisme.

De 1842 à 1852, la SPCK (Society for promotion of christian knowledge), en Angleterre, entreprend une révision de la Bible Martin/Ostervald. Il s'agit de répondre aux besoins des chrétiens francophones établis à Jersey, Guernesey et au Canada. La plupart des réviseurs qui travaillent sous la direction du pasteur Rodolphe Cuvier sont des luthériens. L'évêque anglican H.T. Luscombe patronne cette traduction publiée pour la première fois à Londres en 1849, mais qui n'a aucun succès du coté français, sans doute à cause de ses origines britanniques.

La Société biblique de France, qui se réclame plutôt de la tendance piétiste, confie au pasteur Charles-Louis Frossart une révision du Nouveau Testament qui est publié en 1869. Par la suite, un groupe d'une douzaine de pasteurs travaille sur une révision analogue de l'Ancien Testament et la Bible complète est publiée en 1881. Cette traduction marque un net progrès par rapport aux éditions contemporaines de la Bible, mais ce travail très honorable reste cependant de portée limitée. Choisir comme point de départ la version d'Ostervald, même si la Bible hébraïque et la Septante sont utilisées avec une grande science, c'est se condamner à se figer à une tradition dont beaucoup souhaitent voir la fin.

Le pasteur Louis Segond à Genève, sera le premier traducteur protestant de langue française à s'émanciper totalement de la version latine de la Bible et à produire une traduction littérale, à la fois très fidèle aux langues originales et dans une langue française très correcte. Ce qui explique son succès ininterrompu dans le protestantisme francophone depuis 1880. Aujourd'hui encore, deux tiers des bibles française diffusées dans le monde sont des versions issues de la traduction de Louis Segond. 

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