Vos questions sur la Bible

Qu’est-ce qui est historique ?

La notion d’histoire répond aujourd’hui à une définition très précise. Est historique, ce qui peut être scientifiquement prouvé par plusieurs témoignages concordants. Or, bien des événements décrits dans la Bible ou bien des personnages, même illustres, ne bénéficie d’aucun autre témoignage : aucune stèle, aucun texte ancien, aucun bas-relief, aucun historien ancien ayant mentionné ces faits.

On n’a ainsi aucune preuve historique de l’existence d’Abraham, de Moïse, de David, de Salomon, etc. Quant à Jésus, on sait par Flavius Josèphe qu’un prédicateur de Palestine portait ce nom et qu’il a eu un certain succès au point que des adeptes ont témoigné de leur foi bien au-delà de la région, mais les événements de la mort et de la résurrection ne trouvent aucune conformation directe.

Que s’est-il passé ?

De plus il faut être conscient de la façon dont les textes bibliques se sont constitués. Prenons l’exemple de la sortie d’Égypte. Que sait-on de l’événement lui-même ? Pas grand chose. Une poignée d’esclaves parvient dans des circonstances assez mystérieuses à quitter le pays. 

Une fois qu’ils se retrouvent libre de l’autre côté de la Mer Rouge, ces gens se posent des questions : « Que s’est-il passé ? » La réponse élaborée alors est la suivante : Moïse nous a libérés parce que le Dieu de nos ancêtres l’avait envoyé pour le faire. C’est la première relecture théologique de l’événement. La foi permet de discerner sous l’apparence des faits une intervention directe de Dieu. 
Ensuite Myriam, la sœur de Moïse, prend son tambourin et se met à célébrer le Seigneur pour son acte de libération. C’est la seconde relecture de l’événement, de type liturgique cette fois. Le texte biblique tel que nous le connaissons a été intimement pétris à partir de ces trois ingrédients : quelques souvenirs relatifs au faits, mais somme toute assez minces, une amplification théologique très importante, car c’est événements ont été relus dans la perspective d’une action de Dieu, puis une ré interprétation liturgique qui a permis à un peuple de conserver cette épopée dans sa mémoire collective. 
Dès lors, on comprend mieux que lorsqu’on ouvre le livre de l’Exode, il est bien difficile d’y chercher une simple description de faits historiques. Les faits eux-mêmes se découvrent éventuellement qu’au terme de tout le cheminement inverse : 


 Quels sont les éléments liturgiques dans ce récit ? 
 Quelle est la sur-interprétaion théologique que fait l’auteur par rapport aux événements ? 
 Dans quel but et pour qui écrit-il de cette manière ? 


Dire que les textes bibliques ne peuvent pas être lus comme des récits historiques ne veut pas dire pour autant qu’ils n’ont rien d’historiques et qu’ils ne sont qu’un tissu d’inventions légendaires. Il est tout de même fort probable que le peuple d’Israël était porteur d’une mémoire collective de ses origines qui a été utilisée comme source, au moment de la mise en forme des textes tels que nous les connaissons aujourd’hui. Sur ce matériau traditionnel sont venus se greffer l’interprétation théologique et l’usage liturgique ultérieurs.

La foi et l'histoire

Finkelstein prend un malin plaisir à faire tomber les idées reçues et joue la provocation en datant tardivement la rédaction de nombreux livres de l’Ancien Testament. Pour lui, ces épopées ont été inventées de toutes pièces à l’époque de la rédaction du livre. Aucune mémoire collective n’a pu subsister sur une si longue période. Je crois que cette position est un peu excessive et lorsqu’on connaît les principes de transmission culturelle dans les civilisations orales, on ne peut manquer de trouver un brin méprisantes toutes ces théories qui font des anciens des affabulateurs sous le prétexte qu’ils ne peuvent être porteurs d’aucune mémoire précise.

Ceci étant dit, la question nous est renvoyée à moi comme à vous : ai-je besoin dans ma foi que les événements soient absolument historiques, même si pour l’instant ils ne peuvent être prouvés ? Si ces récits ne sont que pure invention, cela enlève-t-il quelque chose à Dieu ou à sa puissance ? Est-ce que cela enlève à mes yeux toute valeur au texte biblique ? Que ma réponse soit oui ou soit non, suis-je capable de dire pourquoi ?

Vous voyez ma déformation de protestant m’amène à ne pas vous faire une réponse tranchée dans ce domaine. Car telle réponse qui peut me satisfaire sur le plan intellectuel autant que spirituel ne conviendra peut-être pas pour vous, dans la forme de foi qui est la vôtre actuellement. C’est pourquoi plutôt que de vous donner une réponse avec laquelle vous ne serez pas forcément d’accord, je vous invite à poursuivre la réflexion pour vous-même.
Cette question de l’historicité des textes est-elle importante pour vous ? Pourquoi ? Quel statut du texte biblique traduit-elle ? Quelle image de Dieu veut-elle défendre ? Une telle défense est-elle nécessaire, légitime ? 
A vous de le dire. C’est tout le statut du texte biblique, donc de ce que l’on a coutume de nommer « révélation » qui est en jeu dans cette réflexion.

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