V.

Vg = Vulgate

L’œuvre de Jérôme (331-420 apr. J.-C.), qu’on nomme Vulgate parce qu’elle est devenue au Moyen Age la Bible commune (« vulgaire »), n’est pas la première traduction latine des Ecritures. En effet, de très bonne heure sans doute apparaissent, de façon spontanée et inégale, des traductions latines des principaux textes utilisés par les chrétiens dans tout l’Empire romain. Il en résulte, dès le IIIesiècle, une version dite Vetus latina (« Vieille latine »), qui est attestée par de nombreux manuscrits et par les citations qu’en font les Pères de l’Eglise. En ce qui concerne l’Ancien Testament, elle suit naturellement la Septante grecque (LXX*); pour ce qui est du Nouveau Testament, elle correspond généralement au texte grec « occidental » (voir l’introduction aux Actes des Apôtres, p. 1428) dont elle est pour nous un témoin privilégié.

 

C’est cette version ancienne, telle qu’elle s’est stabilisée au IVesiècle, que Jérôme s’emploiera à réviser et à corriger, au nom du principe de l’hebraica veritas (la « vérité hébraïque »). Dans leurs controverses avec les juifs, en effet, les chrétiens ressentent le besoin d’argumenter d’après un texte qui corresponde à l’hébreu en usage dans le judaïsme officiel et non plus seulement d’après une traduction divergente, dont les principales variantes proviennent de la Septante, qui n’est plus en honneur dans le judaïsme (voir l’introduction à l’Ancien Testament, p. 15). Jérôme est un bon helléniste. Il a été initié à l’hébreu par des rabbins, mais il se réfère plus aisément aux traductions grecques hyper-littérales de la Bible hébraïque, comme celle d’Aquila, qu’il connaît par les Hexaples d’Origène (voir LXX*). Encouragé dans un premier temps par le pape Damase, Jérôme accomplit un travail colossal et de grande qualité, qui est surtout sensible dans l’Ancien Testament hébreu (il ne consacre que peu d’attention aux textes qu’il ne connaît que par la Septante, notamment ceux qui deviendront « deutérocanoniques* » dans l’Eglise catholique; il ne les range d’ailleurs pas lui-même parmi les Ecritures canoniques; en ce qui concerne le Nouveau Testament, il ne traduira lui-même que les évangiles et confiera le reste du travail à l’un de ses disciples).

 

Son œuvre mettra cependant plusieurs siècles à s’imposer dans une chrétienté latine habituée à la Vetus latina, depuis le peuple jusqu’au sommet de la hiérarchie (déjà l’élection du successeur de Damase contraint Jérôme à quitter Rome). La traduction des Psaumes « d’après l’hébreu » n’entrera même jamais dans la liturgie. Elle sera en revanche l’objet de nombreux travaux des savants du Moyen Age, notamment à l’Université de Paris. Au XVIesiècle, en réaction contre le protestantisme qui — comme Jérôme en son temps — insiste pour que la Bible soit traduite d’après les originaux hébreu, araméen et grec, la Vulgate se verra officiellement canonisée par l’Eglise catholique au Concile de Trente (1546), ce qui lui vaudra d’être publiée dans une édition de grande qualité (dite Sixto-Clémentine, 1592).

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