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Philon d’Alexandrie

Né sans doute vers 15 av. J.-C. dans une des grandes familles juives d’Alexandrie, en Egypte, très lié par cette naissance au pouvoir romain, Philon a préféré à une carrière politique ou administrative comme celle qu’ont embrassée plusieurs de ses proches une vocation d’exégète, de théologien et de philosophe. Il n’en était pas moins un personnage important et influent de la grande communauté juive d’Alexandrie. C’est lui qui, selon Josèphe*, fut placé entre 38 et 41 apr. J.-C. à la tête de l’ambassade juive envoyée à l’empereur Caligula pour protester contre des persécutions que le gouverneur Flaccus avait tolérées, sinon organisées (sur l’un des incidents à l’origine du conflit, voir Mc 15.16n). Philon lui-même rapporte l’épisode en détail. Cependant la masse de son œuvre littéraire est aux antipodes de celle d’un historien.

 

Riche d’une vaste culture grecque, sans qu’on puisse l’étiqueter dans telle ou telle école philosophique, il applique surtout la méthodologie intellectuelle de son temps à l’étude, à la méditation et à l’apologie des textes sacrés du judaïsme, qu’il lit dans la Septante (LXX*), et en particulier du Pentateuque ou Torah (voir loi*). Il est le grand artisan de l’exégèse allégorique(cf. Ga 4.24n), inventée par les apologètes grecs d’Homère ou d’Hésiode pour résoudre les difficultés des anciens textes grecs, et que le livre de la Sagesse*a déjà introduite dans le domaine du commentaire biblique. Philon interprète la quasi-totalité des éléments du texte — y compris les noms propres qui deviennent autant de qualités, de défauts ou d’autres abstractions — dans la perspective d’un sens caché et intemporel, dont le véritable sujet est l’homme, ou plutôt le parcours initiatique constitutif de l’âme humaine. La notion de logos, « Verbe », « Parole » ou « Raison », inspirée du stoïcisme grec, y joue un rôle essentiel (cf. Jn 1.1n).

 

Si la méthode de Philon offre d’intéressantes ressemblances avec celles des auteurs du Nouveau Testament (l’analogie est sensible dans l’épître aux Hébreux, cf. le développement sur le sanctuaire au chapitre 9), une différence fondamentale demeure: lorsque ceux-ci s’éloignent du sens littéral dans leur lecture de l’Ancien Testament, ce n’est généralement pas pour aboutir à une morale universelle ou à une métaphysique conceptuelle, mais à une réalité historiquement déterminée (celle de Jésus-Christ ou de l’Eglise). Cependant l’allégorie philonienne sera très prisée dans les premiers siècles du christianisme, notamment à Alexandrie: Origène* y développera une exégèse chrétienne largement comparable à celle de Philon. La grande Eglise comme les gnostiques (voir « La question gnostique », p. {0000Xgnose}) pratiqueront volontiers ce type de lecture. Le sens mystique vers lequel tend Philon annonce même, par certains traits, la théologie apophatique de l’Orient chrétien ou la théologie négative du Moyen Age occidental.

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