l.

lévite

Dans la Bible, le nom lévite s’applique aux membres d’une tribud’Israël, associée au patriarche Lévi, fils de Jacob et de Léa (cf. tableau p. {0Xgnpatrch}). Lévi est compté parmi les douze tribus en Gn 29—30; 35.23-26; 46.8-25; 49.3-27; Ex 1.1-4; Dt 27.12s; 33.6-25; Ez 48.31-35; 1Ch 2.1s. Mais il lui arrive aussi de ne pas être compté, auquel cas le nombre de douze est atteint sans lui à l’aide d’une division entre Ephraïm et Manassé, fils de Joseph (Nb 1; 2; 7; 10; 13; 26; Jos 13—19; 21; cf. Gn 48).

 

Lévi, en effet, n’est pas vraiment une tribu comme une autre. Tout d’abord, il n’a pas de territoire(Dt 12.12,18s; Jos 13.14,33; 14.4). Cette particularité est expliquée comme un châtiment en Gn 49.5-7 (le sort de Lévi est ici lié à celui de Siméon, dont le territoire est assimilé à celui de Juda en Jos 19.1-9; Siméon et Lévi sont également associés dans le récit de Gn 34, qui semble motiver la sanction de Gn 49). Mais surtout, les lévitesse distinguent par leur fonction religieuse(Dt 17.9; 33.8-11). Cette attribution positive s’explique habituellement par un choix de YHWH (Dt 10.8), qui a accordé aux lévites le privilège et la responsabilité de représenter tout Israël devant lui dans l’exercice du culte (Nb 8.19). Selon Nb 3.12s, les lévites tiennent cette fonction de représentation du fait qu’ils se substituent aux premiers-nés des Israélites, qui auraient dû être consacrés (sinon sacrifiés) à YHWH comme tout premier-né (Ex 12.29; 13.2,11-16). Ce remplacement donne lieu en Nb 3.40ss à une comptabilité fort précise, qui met en balance le nombre des premiers-nés et celui des lévites et prévoit une compensation financière de l’excédent. Le choix divin de Lévi est parfois dépeint en termes d’alliance* (Jr 33.21; Ml 2.4s,8; Né 13.29; cf. l’alliance avec Phinéas pour le sacerdoce en Nb 25.12s). Le nom Lévi, comme l’appellation lévite, vient probablement d’une racine sémitique signifiant « attacher » ou peut-être « enclore » (cf. les jeux de mots en Gn 29.34; Nb 18.2,4; Jubilés* 31.16 : « Ta mère t’a appelé du nom de Lévi, c’est à juste titre qu’elle t’a appelé de ce nom: tu seras l’intime du Seigneur et Son commensal d’entre tous les fils de Jacob »; voir aussi Ex 32.26 où les lévites se rallient à Moïse lors de l’épisode du veau d’or). Le terme pourrait donc être compris, non seulement comme une désignation ethnique, mais comme un nom d’étatou de fonction: le lévite serait alors celui qui est « attaché » au service de la divinité, voire « reclus » dans un sanctuaire.

 

Bien des textes ne font aucune distinction explicite entre prêtre et lévite, de sorte que le terme lévite (ou fils de Lévi) semble désigner simplement les prêtres. L’appellation les prêtres-lévites peut dès lors être lue comme une simple équivalence: « les prêtres, c’est-à-dire les lévites » (Dt 17.9,18; 18.1; 24.8; 31.9 ; cf. 21.5), ou bien comme une précision supplémentaire: « ceux qui sont prêtres parmi les lévites » (cf. Ez 43.19; 44.15; voir aussi 1Ch 9.2; 2Ch 5.5; 23.18; 30.27). Ezéchiel, et avec lui de nombreux autres textes, distingue soigneusement les lévites des prêtres. Ceux-ci sont alors définis, du point de vue de la généalogie, comme étant non seulement descendants de Lévi, mais aussi de Tsadoq (Ez 40.46; 43.19; 44.15; 48.11; cf. 1R 2.35; 1Ch 16.39; 29.22; voir aussi Nb 3.4n; 2S 8.17; 15.35; 17.15; 19.12; 20.25; 1R 1.8,26,32ss; 2.26,35), d’Eléazar (1Ch 5.30 ; 6.35; cf. Nb 3.32; 4.16; 17.2,4; 19.3s; 20.25ss; 26.1; voir aussi 25.7ss) ou d’Aaron (Ex 28.1,40ss; 40.12ss; Lv 1.5ss; 2.2; 3.2 etc.; Nb 3.3s,10,38; 18.1,7; Né 10.39; 1Ch 23.13,32; 2Ch 13.9s; 26.18; 29.21; 31.19; 35.14; cf. Esd 7.1-5).

 

Dans cette dernière perspective, les lévites constituent une classe subalterneà laquelle sont dévolues des tâches liées au culte, mais non sacerdotales (Nb 3.6ss,11ss,32; 8.19ss; 18.2). La description de leurs fonctions de second rang rappelle parfois celles des Netinim (« donnés »), esclaves attachés au service du sanctuaire, qui leur sont assimilés de temps à autre (Nb 3.9n; 8.16,19; 18.2ss; 1Ch 6.33n; voir aussi 1Ch 9.2,31s). Il arrive que les chantres et les portiers du temple soient rangés parmi les lévites (Né 11.17; 13.10; 1Ch 15.18; 23.5s; 2Ch 23.4), mais ailleurs ils en sont distingués (Esd 2.40ss,70; 7.24; 10.24; Né 7.44s; 10.29; 11.19). Les Chroniques, tout en maintenant généralement la distinction entre prêtres et lévites, attribuent à ces derniers un rôle de premier plan, par exemple celui de juge(1Ch 23.3-5) ou de maîtrechargé d’enseigner la loi (2Ch 17.7ss; 35.3; cf. Dt 33.9-11; Né 8.7,9; 1Ch 25.8). Le don de prophétie*leur est même accordé à l’occasion (1Ch 25.1-3; 2Ch 20.14-17).

 

L’institution de l’office de lévite (distinct de celui du prêtre) est inaugurée par une consécrationsolennelle (Nb 8.5-22) comparable à celle des prêtres (Ex 29; Lv 8). Plusieurs textes s’intéressent aux limites d’âgedans lesquels les lévites sont aptes à exercer leurs fonctions, mais fluctuent (selon les époques?) dans la définition de ces limites. Ainsi, les lévites en activité sont tantôt comptés de trente à cinquante ans (Nb 4.3,23,30; cf. 1Ch 23.3), tantôt à partir de vingt-cinq ans (Nb 8.23-26) ou même de vingt ans (Esd 3.8; 1Ch 23.24,27; 2Ch 31.17).

 

Selon Ez 44.6-31 (cf. 40.46; 43.19; 48.11), les lévites auxquels sont refusées les fonctions sacerdotales sont ceux qui ont officié — sans doute comme prêtres, cf. 2R 23.9 — dans le cadre du culte populaire des hauts* lieux, culte considéré comme idolâtrique par la prêtrise de Jérusalem. On peut cependant noter que le Deutéronome, tout en prônant la centralisation du culte (chap. 12), s’opposait à toute discrimination entre les lévites, qu’ils viennent de Jérusalem ou d’ailleurs, dans l’accès au service du sanctuaire central et aux bénéfices qui en découlent (18.6ss).

 

La situation économiqueet sociale des lévites en dehors de la fonction sacerdotale paraît précaire. Le Deutéronome les désigne à la charité du peuple au même titre que les pauvres, les veuves, les orphelins ou les immigrés (Dt 12.12s,18s; 14.26s,29; 16.11,14). Ils sont, en principe, bénéficiaires de la dîme (Dt 14.23; cf. Nb 18.30; Né 10.36-40; 13.5,10ss; 2Ch 31.4ss). Au retour de l’exil, ils sont peu nombreux en regard des prêtres (Esd 2.40; 8.15-19; Né 7.43). Toutefois certains textes leur attribuent des villes(Jos 21.1-42; 1Ch 6.39-66; voir aussi Né 3.17s; 13.10) et des droits fonciers spécifiques (Lv 25.32ss; Ez 48.14).

 

Après la victoire des Maccabées*, au IIesiècle av. J.-C., ce sont des prêtres-lévites n’appartenant pas à la famille de Tsadoq qui réuniront les pouvoirs politique et religieux dans la dynastie hasmonéenne. Ils susciteront dès lors l’opposition, voire la sécession de divers groupes de prêtres qui s’estiment, contrairement à eux, les authentiques successeurs de Tsadoq (voir Qumrân*, sadducéens*). Les rares apparitions des lévites dans le Nouveau Testament, comme une classe religieuse subordonnée à celle des prêtres, mais honorée, sont peu significatives (Lc 10.32; Jn 1.19; Ac 4.36). Jésus est rattaché à la tribu de Juda (et surtout à la famille de David), donc pas à celle de Lévi — encore que Lc 1.5,36 semble établir un lien de parenté entre Marie, sa mère, et la famille sacerdotale de Jean le Baptiseur. L’épître aux Hébreux met en valeur la non-appartenance de Jésus à la tribu sacerdotale de Lévi pour montrer la supériorité de son sacerdoce selon l’ordre de Melchisédek (Hé 7).

Découvrez les 5 traductions de la Bible réalisées par l'Alliance biblique française sur Editionsbiblio.fr

La Bible Parole de Vie - Standard
Avec les deutérocanoniques La Bible Parole de Vie - Standard
19.90

Programmes de lecture les plus lus