f.

fils

En hébreu et en araméen, les mots traduits par filsou fillepeuvent indiquer beaucoup d’autres relations que celle d’un individu à son père ou à sa mère (Gn 4.17,25s; 5.4), et même plus généralement à ses ancêtres (Gn 31.28; 2S 19.25 etc.). Ils servent aussi à définir l’appartenanceà un groupe donné, ethniqueou géographique(en général « fils d’Israël » signifie tout simplement Israélites, comme « fils de Babel » Babyloniens, Ez 23.15; cf. Esd 2.21,34 etc.; une ville même peut d’ailleurs être personnifiée par une expression comme [litt.] « la fille de Sion », cf. Es 1.8n; Lm 1.6n), mais aussi professionnel(ainsi en 1R 20.35; 2R 2.3 les « fils des prophètes » sont des prophètes, cf. Am 7.14n; en Né 3.8 l’hébreu parle [litt.] de « fils des parfumeurs », en 12.28 de « fils des chantres », là où nous disons « lesparfumeurs » ou « leschantres »), voire à des catégoriestrès générales (en Nb 17.25 les « fils de la rébellion » sont les rebelles; en Pr 31.5, on dit les « fils du malheur » pour dire « les pauvres », et en 10.5 le fils aviséet le fils qui fait hontepourraient être simplement « l’homme avisé » et « l’homme à la conduite honteuse »). Les mêmes termes servent aussi bien à indiquer l’âge: « (âgé) d’un an » se dit « fils d’un an » (Ex 12.5). Cette multitude d’emplois se retrouve largement dans le grec du Nouveau Testament(Mt 8.12; 13.38; Lc 10.6n; 16.8n; 20.36; Jn 12.36; Ac 13.10; 1Th 5.5; 2Th 2.3n).

 

Dans cette perspective, l’expression les fils de Dieu(ou des dieux, cf. Gn 1.1n) se traduirait par « les dieux » ou « les êtres divins »; cependant la tradition strictement monothéiste d’Israël l’a souvent comprise comme une appellation des anges*(Gn 6.2,4; Dt 32.8n; Ps 29.1; 89.7; Jb 1.6; 2.1; 38.7; Dn 3.25; cf. Ps 82.1,6).

 

Le roi de la dynastie davidique est parfois appelé fils de Dieu(2S 7.14 ; Ps 2.7; 89.27s; cf. 110.3n). Mais l’ensemble du peupled’Israël est aussi désigné de la même manière (Ex 4.22s; Jr 3.19; 31.9,20; Os 11.1; cf. Dt 14.1; 32.5s,19; Es 43.6; 45.11; Os 2.1; voir aussi Es 63.16; 64.7; Jr 3.4; Ml 2.10; la relation entre un autre peuple et son dieu peut d’ailleurs être exprimée d’une façon analogue, Nb 21.29; cf. Jr 2.26s; Ml 2.11). En Siracide* 4.10 l’appellation « fils du Très-Haut » est réservée au juste; peut-être était-ce déjà le cas en Ps 73.15. En Sagesse* 2.15ss, elle s’applique en particulier au juste souffrant.

 

Quand Paul nomme Jésus Fils de Dieu, il fait expressément plus que le reconnaître comme Fils de David(Mt 1.1; 9.27; 12.23; 15.22; 21.9,15), bien que les deux titres soient liés: il associe l’appellation Fils de Dieuà la résurrectionde Jésus (Rm 1.3s; cf. Ac 13.33; 1Th 1.10; voir aussi Mc 12.35ss//; Jn 7.41s; 2Tm 2.8). Mais les évangiles déclarent aussi Jésus Fils de Dieu à son baptême(Mc 1.11//), à sa transfiguration(Mc 9.7//), voire à sa naissance(Lc 1.32,35). D’autre part l’Eglise déclare que le Fils de Dieu est envoyécomme tel par le Père (Jn 3.16s; Rm 8.3s; Ga 4.4s; 1Jn 4.9; cf. Mc 12.1-9). Le titre de Fils de Dieu, spontanément associé à la gloiredu Christ (cf. Mt 4.1ss; 27.40,43), est paradoxalement confessé face à sa souffrance(Mc 15.39; cf. Rm 5.10; 8.32; Ga 2.20). Le Christ est aussi nommé, de façon absolue, le Fils, un avec le Père quoique distinct de lui (Mt 11.27; Mc 13.32; Jn 3.35; 5.19ss; 1Co 15.28). Jean l’appelle le Fils unique(en grec monogénès, classiquement rendu par « l’unique engendré » Jn 1.14,18; 3.16,18; 1Jn 4.9). Le Fils de Dieuest alors perçu, non plus comme un roi, un prophète ou un juste, mais comme celui qui est le rayonnement de sa gloire et l’expression de sa réalité même (Hé 1.1-3).

 

Dans un sens assez général, certains textes du Nouveau Testament semblent présupposer que tous les hommessont fils de Dieu (Lc 3.38; Ac 17.28). Cependant cette filialité n’est généralement pas tenue pour un acquis (Mt 5.9,45; Lc 6.35; 20.36; Ap 2.26s; 21.7). Paul relie très nettement le statut de fils de Dieu à l’association au Christ (Rm 8.3ss; Ga 4.4ss). Pour lui, c’est par une adoption filiale, décrite tantôt comme présente, mais secrète (Rm 8.15,19; Ga 4.5; cf. Ep 1.5), tantôt comme future (Rm 8.23), que les hommes deviennent, en Jésus-Christ, fils de Dieu (Ga 3.26ss; cf. Jn 1.12). Si, dans un usage courant, « fils d’homme » signifie homme ou humain(cf. Nb 23.19n; c’est ainsi que Dieu appelle solennellement le prophète Ezéchiel dans l’ensemble de son livre, 2.1n,3,6,8 etc.; cf. aussi Ps 8.5; Dn 8.17), l’expression Fils de l’hommeva connaître un développement inattendu à partir de la vision apocalyptique de Dn 7.13s où, après une succession de puissances étrangères figurées par des bêtes sauvages, le pouvoir est finalement donné à quelqu’un qui ressemblait à un être humain (litt. comme un fils d’homme), arrivant avec les nuées du ciel. L’interprétation de la vision identifie formellement ce fils d’hommeau peuple des saints du Très-Haut(v. 18,22,27). Mais cette figure de fils d’hommecéleste, associée à la fin des temps, va faire son chemin de façon autonome dans la littérature apocalyptique (voir l’introduction à l’Apocalypse de Jean, p. 1667), notamment dans le livre d’Hénoch(1 Hénoch* 37—71) et le Quatrième Esdras(4 Esdras* 13). Que ces textes, dont la datation demeure incertaine, aient ou non influencé directement le Nouveau Testament, ils témoignent à tout le moins du rôle important que jouait le Fils de l’hommedans les attentes juives de cette époque.

 

Dans les évangiles, c’est toujours Jésus lui-même qui se décrit comme le Fils de l’homme(ailleurs l’expression ne le désigne qu’indirectement, dans le cadre d’une vision, Ac 7.56; Ap 1.13; 14.14, ou d’une citation, Hé 2.6). Dans certains cas la formule peut à la rigueur être interprétée dans son sens banal(« l’être humain » par opposition à Dieu Mc 2.7,10 ou aux animaux Mt 8.20n; en Mt 11.18s on peut éventuellement comprendre fils de l’hommeau sens de « quelqu’un »). Ailleurs, cependant, l’allusion à Dn 7 et plus généralement à la figure du Fils de l’homme célesteassocié à la fin des temps est évidente (Mt 10.23; 24.27,37//; Mc 8.38; 13.26//; 14.62ss//; Lc 18.8; noter que dans certains de ces passages Jésus ne semble pas s’identifier exactement à ce Fils de l’homme; celui-ci assume plutôt, en quelque sorte, son avenir par-delà sa mort). Comme en contrepoint de cette représentation glorieuse, Jésus se plaît, dans les évangiles synoptiques*, à décrire son humiliationet ses souffrancescomme celles du Fils de l’homme (Mt 12.40; Mc 8.31; 9.31; 10.33,45; 14.21; Lc 22.48; c’est un paradoxe analogue qui est mis en valeur dans la citation d’Hé 2.6, cf. v. 8s). Les deux lignes se retrouvent, délibérément mêlées, dans l’Evangile selon Jean,où la crucifixion de Jésus est « l’élévation » par laquelle le Fils de l’homme remonte au ciel d’où il est venu (Jn 3.13ss; 5.27n; 9.35; 6.27,53; 8.28; 12.23ss,34). Paul, quant à lui, n’emploie pas l’expression Fils de l’homme, mais il trace à plusieurs reprises un parallélisme entre l’homme originel et Jésus, dernier Adam(Rm 5.12ss; 1Co 15.21,27s,45ss; cf. Col 1.15ss).

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