c.

chair

Dans l’Ancien Testament, le terme hébreu basar, traditionnellement rendu par chair(mais aussi par viande, Nb 11.4,13,18,21,33; 1S 2.15), désigne habituellement de manière indifférenciée les êtres vivantsen général, ou plus particulièrement les humains. Ainsi l’expression (litt.) « toute chair » signifie tantôt tous les humains, tantôt tous les êtres sensibles, hommes et animaux (Gn 6.17n; 9.11n,15nss; Nb 18.15; Es 40.5s; 49.26; Jr 25.31; 45.5; Ez 21.4,10; Ps 136.25; Dn 4.9). Le mot les décrit le plus souvent vivants, quelquefois morts (Lv 17.11,14; 2R 4.34; Ez 32.5; Ps 79.2). Il sert aussi, comme les noms de certaines parties du corps (la « cuisse », les « pieds »), d’euphémismepour le sexe (Ex 28.42n; Lv 6.3n; 15.2ns,7,19; Ez 16.26n; 23.20n). Il peut exprimer une relation de solidaritéentre des individus, relation fondée sur une communauté d’être — entre parents d’abord, mais aussi au-delà de la famille ou de la tribu (Gn 2.23s; 29.14; 37.27; Jg 9.2; 2S 5.1; 19.13s; Es 58.7). Loin d’être réservé à une « partie » physiquede l’homme, il peut être mis en rapport avec une activité intellectuelle(Ec 12.12). Il est aussi apte à dire la relation de l’être humain à Dieuque les mots traditionnellement rendus par « âme » ou « esprit* » (Ps 63.2n; 84.3); il peut même représenter l’avenir de cette relation (Ez 11.19; 36.26; Ps 16.9).

 

Toutefois, il est souvent utilisé pour mettre en évidence le caractère vulnérableet éphémèrede l’existence humaine, aussi fragile que la vie des animaux. La « chair » est située dans une dépendanceabsolue de l’Espritou Souffle, d’origine divine, qui est son véritable répondant (Gn 6.3; Nb 16.22; Es 31.3; 40.6s; Za 14.12; Ps 78.39; 109.24n; Jb 6.12; 12.10; 33.21; 34.14s; Lm 3.4), bien qu’elle ait tendance à se camper dans une illusoire autonomie(Jr 17.5; 2Ch 32.8). Le caractère négatif de la chairqui s’oppose tragiquement à Dieu, dont elle ne cesse cependant de dépendre, s’accentuera dans les écrits de Qumrân*.

 

Le Nouveau Testament dispose d’un terme grec distinct (soma) qui signifie corps, sans connotation péjorative. Dès lors, à part quelques sémitismes (comme « toute chair », « aucune chair » Mc 13.20//; Lc 3.6n; Jn 17.2n; Ac 2.17n; Rm 3.20n; 1Co 1.29n; 1P 1.24n; une seule chairMc 10.8//; 1Co 6.16; Ep 5.31) qui subsistent dans un sens neutre, la chair(en grec: sarx) va se spécialiser dans les emplois négatifs(Rm 7.5,14,18,25; 13.14; 2Co 7.1; Ga 5.13,19; Ep 2.3; Col 2.13,18,23; 1P 2.11; 2P 2.10,18; 1Jn 2.16; Jd 8,23). Il importe cependant de ne pas lui surimposer le sens prioritairement, voire exclusivement sexuelque le mot chaira pris dans l’usage français: en Ga 5.19ss les œuvres de la chaircomprennent aussi bien les disputes ou l’ambition personnelle que l’inconduite sexuelle.

 

Paul ira jusqu’à parler de la chaircomme d’une puissance radicalement ennemie de Dieu(Rm 8.4ss; Ga 5.16s), dont l’homme doit être affranchi (1Co 15.49s; Ga 6.8), et dont il ne peut jamais être affranchi que dans la mesure où il participe à la mort du Christ (Ga 5.24). Mais cela n’aboutit pas à un simple dualisme matière / esprit: le problème ne vient pas de ce que l’homme est un être corporel, mais plutôt de sa tendance à se donner pour seul horizon l’univers de son existence individuelle et collective. Ce dont il ne peut prendre conscience qu’à partir du point où il le dépasse: par la brèche de l’Esprit, ouverte par la mort du Christ, où apparaît — toujours devant soi — une nouvelle possibilité de vie: être dans la chairsans marcher selon la chair, c’est-à-dire sans être sous son empire. En tout cas, pour Paul, l’avenir de l’homme libéré de la chair (sarx) reste bien dans le corps(soma), personnel et communautaire, sous le jour nouveau où l’a révélé la résurrection de Jésus-Christ (cf. 1Co 6.13ss).

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